Après un mois de grève, les avocats sont toujours déterminés à lutter contre la réforme de leur régime de retraite. Leurs représentants étaient reçus mardi soir par le Premier ministre. Ils appellent à "poursuivre le mouvement sans faiblir", notamment à Grenoble.
Le palais de justice de Grenoble est bien vide depuis plusieurs semaines. En cause, la grève entamée par les avocats pour dénoncer les conséquences du projet de réforme des retraites porté par l'exécutif. Ce texte, contre lequel ils luttent depuis le 5 décembre, prévoit notamment la mise en place d'un système "universel" qui ferait disparaître leur régime et caisse de retraite autonome.
Pour les robes noires, cette réforme induirait un recul des pensions et le doublement, dans certains cas, de leurs cotisations retraite. La mobilisation est donc largement suivie dans la profession, l'intégralité des 164 barreaux français étant en grève. A Grenoble, les juges renvoient plus de 90% des audiences civiles à la demande des grévistes. Mais ces derniers ne le font pas de gaieté de coeur.
"Si on engorge nos juridictions, forcément, on sera impactés après puisqu'elles ne pourront peut-être plus faire de renvoi à court délai et seront peut-être obligées de renvoyer des dossiers tard et ça va doublement nous pénaliser", rappelle Evelyne Tauleigne, bâtonnière de l'ordre des avocats de Grenoble. Les affaires concernées seront jugées "au premier ou au deuxième semestre 2020", rapporte-t-elle, "voire en 2021 pour certaines".
Les Avocats de Grenoble ne baissent pas la garde ! https://t.co/DPulmCFPU7 pic.twitter.com/t8iKpGU0aQ
— Barreau de Grenoble (@BarreauGrenoble) February 4, 2020
Vers la disparition de 280 cabinets d'avocats ?
Pour les affaires pénales, l'attitude des avocats grenoblois a changé. Désormais, ils assurent une "défense d'urgence" lorsque leur client risque la prison, lors des présentations aux juges d'instruction, des libertés et de la détention et lors des comparutions immédiates.
"Plutôt que d'empêcher ces comparutions immédiates d'avoir lieu par notre absence, (car) elles auraient quand même lieu au détriment du justiciable, nous défendrons notre client, quitte à perturber les audiences prévues. Ces plaidoiries se font avec de nombreux confrères, 10 par dossier", explique Federico Steinmann, avocat gréviste.
Lorsque leur client se trouve en garde à vue, en revanche, les avocats commis d'office font bel et bien la grève, s'estimant trop peu indemnisés. Tous redoutent, à terme, la fermeture des plus petits cabinets, ceux qui défendent les justiciables les plus démunis. "Ce projet de réforme pourrait entraîner, à Grenoble, la disparition d'environ 280 cabinets, des avocats qui ne pourront plus assurer leurs charges", estime Evelyne Tauleigne.
On compte près de 580 avocats dans la capitale des Alpes, environ 48% d'entre eux sont donc menacés par ce projet de réforme. Contactés, le procureur de Grenoble et la présidente du tribunal de grande instance n'ont pas souhaité s'exprimer à ce sujet. Ils attendent un bilan chiffré de ses conséquences qui n'est pas attendu avant le 13 février.