Syndicats et "gilets jaunes" ont une nouvelle fois manifesté contre la réforme des retraites ce samedi à Grenoble alors que le gouvernement vient d'annoncer le retrait temporaire de l'âge pivot de son projet de réforme. Mais cette mesure pourrait ne pas suffire à stopper la contestation.
Difficile de donner un chiffre exact, mais les manifestants étaient encore une fois très nombreux dans les rues de Grenoble pour dire leur opposition au projet de réforme des retraites. Des citoyens, salariés, syndicalistes, "gilets jaunes" ou profession libérales ont défilé dans le centre-ville de la capitale des Alpes ce samedi 11 janvier, deux jours seulement après la précédente mobilisation. Les syndicats avancent le chiffre de 10 000 participants.
Dans le cortège défilaient plusieurs infirmières cotisant à un régime autonome qu'elles veulent garder. "Avec nos cotisations, on compense à plus de 50% le régime général. On veut nous imposer encore des augmentations de cotisations, mais il y a tout un tas de professions qui ne vont pas pouvoir vivre", estime Antoinette Tranchida, membre du collectif SOS retraites et présidente de Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux
Mêmes revendications pour les robes noires. Les avocats craignent que certains cabinets soient condamnés par cette réforme, notamment ceux étant très dépendants des dossiers soumis à l'aide juridictionnelle. "On se rend compte que d'autres professions ont pu obtenir des aménagements : les policiers, les pilotes de ligne qui ont maintenu leur régime de retraite complémentaire autonome et nous, on n'est absolument pas entendus", dénonce Me Evelyne Tauleignen, bâtonnier du barreau de Grenoble.
"Les syndicats rejoignent les revendications des « gilets jaunes »"
Parmi les manifestants, quelques "gilets jaunes" se fondaient dans la masse, plus combatifs que jamais. Aujourd'hui encore, ils ne lâchent rien et estiment être plus soutenus qu'au début. "Les gens ont mis un an pour comprendre que les « gilets jaunes » n'avaient pas forcément tort dans leurs revendications et que, finalement, ça correspondait beaucoup à ce que les syndicats demandent depuis le 5 décembre en ce qui concerne cette réforme des retraites", Olivier, militant de la première heure.
Demain, j’adresserai aux organisations syndicales et patronales des propositions concrètes qui pourraient être la base de ce compromis. Elles porteront notamment sur les objectifs et les modalités de la conférence de financement. #retraites https://t.co/H0LSCZOsR2
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) January 10, 2020
"Petit à petit, les syndicats rejoignent les revendications des « gilets jaunes », chaque week-end et chaque semaine on fait des actions communes et j'espère que ça va continuer sur cette lancée", ajoute-t-il.
En fin d'après-midi, le gouvernement a annoncé le retrait temporaire de l'âge pivot de son projet de réforme. Un geste bien accueilli par les syndicats réformistes alors que les opposants ont battu le pavé dans la plupart des grandes villes françaises, à l'image de Grenoble. L'intersyndicale, qui a appelé à poursuivre le mouvement avec une "journée de grève et de convergence interprofessionnelle" mardi, et des "initiatives déclinées sous toutes les formes" mercredi et jeudi, doit se réunir ce samedi soir.