Plusieurs milliers de personnes ont à nouveau défilé à Grenoble ce mardi à l'occasion de l'acte III de la mobilisation contre la réforme des retraites. Un cortège un peu moins volumineux que lors de la précédente journée de manifestation.
A défaut de consensus sur les chiffres de la participation au cortège contre la réforme des retraites, les organisations syndicales et les forces de l'ordre sont tout de même d'accord sur un point : les manifestants étaient un peu moins nombreux à défiler ce mardi 7 février à Grenoble que la semaine dernière.
Les organisations syndicales saluent la mobilisation de 27 000 personnes dans les rues de la capitale des Alpes, malgré les vacances scolaires. La police dénombre, de son côté, 11 500 manifestants.
"C'est une réussite vu qu'il y a des congés scolaires et que certains sont en vacances", se félicite Nicolas Benoît. "On s'aperçoit que la grève a quand même bien marché aujourd'hui. La mobilisation, c'est la partie visible de l'iceberg. Ce ne sont pas les débats et les petites concessions que fait le gouvernement qui changent le fond de cette réforme", insiste le secrétaire départemental de la CGT Isère, alors que le texte est à l'étude à l'Assemblée nationale.
Le 31 janvier, les syndicats estimaient avoir réuni 40 000 personnes à Grenoble, 20 000 selon la police.
"Repousser la précarité à 64 ans"
Le cortège est parti de la gare SNCF, serpentant dans les rues de la ville via l'avenue Alsace-Lorraine, la place Verdun, le cours Jean Jaurès, puis les boulevards Foch, Gambetta et Lesdiguières.
Drapeau de la CGT à la main, Samira, enseignante à l'université dit être venue "pour manifester contre une réforme injuste" et en particulier pour les femmes "avec des carrières hachées et des temps partiels".
Pour elle, la réforme va "repousser la précarité pour les femmes, pour les seniors et pour tout le monde". "Même à l'université, on commence à vouloir se débarrasser des gens qui sont moins productifs alors qu'on leur demande de rester plus longtemps dans l'emploi. Pour tous ceux qui ne sont plus en emploi à 60 ans, c'est une poursuite de la précarité jusqu'à 64 ans", s'indigne-t-elle.
Les pompiers sur le front de la contestation
A quelques pas devant elle, Thierry Granger porte son uniforme de pompier. La mobilisation des hommes du feu est rare, mais selon lui, elle est essentielle. Actuellement, les pompiers peuvent prendre leur retraite à 57 ans. Le texte de la réforme repousse leur départ à 59 ans.
"On sera dans l'incapacité de faire notre travail correctement", dit-il. "Moi, j'ai 57 ans aujourd'hui et je ne me vois pas à 30 mètres de haut sur une grande échelle à 59 ans pour aller sauver le concitoyen grenoblois. Je n'y arriverai pas. On ne pourra pas assurer correctement nos missions, et on n'aura pas des places réservées dans les bureaux", poursuit-il.
Une infirmière corrobore. "En tant que soignant, on ne tiendra jamais jusqu'à 64 ans avec des journées de 12 heures. Je ne vois pas comment c'est possible de tenir à ce rythme", dit-elle avant d'ajouter : "On espère que le gouvernement va nous entendre : à 60 ans on rentre chez nous, à 64 on reste dans la rue".
Comme souvent, les manifestants ont rivalisé d'originalité pour faire passer leur message au gouvernement, détournant parfois le sigle LREM (La République en Marche) pour le changer en "La Retraite en Moins".
D'autres n'hésitent pas à comparer le travail à leur libido : "le boulot, tu commences quand t'es encore puceau, tu arrêtes quand tu ne bandes plus".
Samedi, un quatrième mouvement social est déjà annoncé par l’intersyndicale. À Grenoble, le point de départ du cortège est fixé place Victor Hugo, à 14 heures.