Le téléphérique de Grenoble fête, cette année, ses 90 ans. Mise en service en 1934, l'installation a été pensée pour offrir un panorama sur les montagnes environnantes aux habitants et aux touristes.
Il a été pensé pour offrir une bulle d'air aux Grenoblois. Le téléphérique de la Bastille, à Grenoble, fête cette année ses 90 ans. Les premières cabines bleues à 12 côtés, aux parois en bois, ont commencé leurs rotations le 29 septembre 1934.
Mais le projet a commencé à germer une trentaine d'années plus tôt. Grenoble s'autoproclame alors "Reine des Alpes", mais difficile de profiter de ce paysage. Le seul point de vue sur les sommets environnants est accessible sur les terrasses du jardin des Dauphins.
La construction d'une remontée mécanique est évoquée et connaît un premier coup d'accélérateur 20 ans plus tard, à l'occasion de l’exposition internationale du tourisme et de la houille blanche. C'est là que naît l'idée d'un "grimpe montagne" qui emporterait les touristes au sommet du mont Jalla. La Bastille n'était alors qu'une gare intermédiaire.
"Une promenade de toute beauté"
Ce téléphérique "donnerait à la ville une promenade de toute beauté où, après le travail, notre population laborieuse (…) pourrait aller respirer l’air pur et jouir d’un panorama incomparable", déclarait Paul Mistral, maire de Grenoble entre 1919 et 1932, qui a soutenu cette construction.
En huit mois de travaux, les architectes en charge du projet construisent et installent la liaison qui devient l'un des premiers téléphériques urbains au monde. Les cabines "pavillon" survoleront l'Isère pendant 17 ans avant d'être remplacées en 1951. De nouvelles cabines rectangulaires en métal rouge et or, pouvant accueillir 20 passagers, sont alors installées.
Elles feront la réputation de la ville pendant les Jeux olympiques d'hiver de 1968 avant d'être remplacées par les célèbres "bulles" de Grenoble en 1976. L'ensemble de l'installation est alors modernisée et entre dans l'ère de l'automatisation.
La naissance des bulles
"Je suis persuadé que l'embellissement de la gare de départ rendra le transfert beaucoup plus attractif. Le nouveau système est plus économe en main d'œuvre et devrait aboutir à des économies", justifiait l'ancien maire Hubert Dubedout en juillet 1975, annonçant un investissement de 3 millions de francs.
Le jour de leur entrée en service, les toutes nouvelles bulles de Grenoble font la une de la presse. Quelques heures après leur inauguration, elles tombent en panne, immobilisant quelque 72 passagers à 270 mètres de haut pendant plusieurs heures. Tous ont été évacués, dont près de la moitié par hélicoptère.
Dans l'histoire du téléphérique, les incidents restent rares, notamment grâce à un entretien régulier : 13h45 de contrôle avant son ouverture et 24h30 de maintenance à l’atelier sur une semaine d'été, selon le gestionnaire.
Quatre-vingt-dix ans après sa mise en service, le téléphérique de Grenoble a transporté quelque 24 millions de voyageurs entre le jardin de Ville et le fort de la Bastille. Les bulles qui restent, à ce jour, l'un des emblèmes de la capitale des Alpes.