112 médecins urgentistes isérois alertent et informent la population sur la "situation de crise" dans laquelle le système hospitalier se trouve. En conséquence, ils demandent aux habitants "d’agir en responsabilité afin de soutenir ses services d’urgence".
Le constat dressé par les médecins urgentistes isérois, signataires d’une tribune dans le Dauphiné Libéré, est lourd. "Des appels au SAMU qui mettent plus de deux heures à être traités, des patients qui restent sur des brancards pendant plus de deux jours, des services d’urgence fermés faute de médecins ou de soignants", des situations qu'ils ne pensaient jamais connaître font désormais partie du quotidien de ces services médicaux en Isère.
Pour Marc Blanchet, directeur des Urgences du CHU de Grenoble, l’appel des urgentistes est de dire : "quand vous allez vraiment mal, on est là. Sauf qu’aujourd’hui, on est en train de céder. Et ça ne fait que révéler les difficultés qu’il y a dans l’ensemble du système sanitaire [et] social."
Des services médicaux des urgences obligés de fermer la nuit
Pour ces médecins isérois, "la Covid n’a été que le révélateur d’une situation de crise présente depuis des années en raison du déficit en soignants et de lits d’hospitalisation". Guillaume Debaty, le chef de service du SAMU au CHU Grenoble Alpes, explique que "les services d'urgence fonctionnent à flux tendu".
Concrètement, ça se traduit par des services médicaux des urgences obligés de fermer la nuit. C'est le cas pour l'hôpital de Voiron, mais aussi pour la clinique des Cèdres et la clinique Mutualiste. Aujourd'hui, pour l'ensemble du sud Isère, seules les urgences de l'hôpital nord de Grenoble sont ouvertes la nuit.
"Les mesures du Ségur ne suffisent pas"
Les 112 médecins affirment que "les mesures du Ségur ne suffisent pas". Elles n’ont fait que combler en partie un retard colossal accumulé depuis des décennies. Face à ce système de soins qui n'est plus en mesure d’assurer une prise en charge optimale, les signataires appellent les habitants à la mobilisation, à l’image de Marc Blanchet qui replace cette problématique dans la campagne présidentielle à venir.
"[Les Français] se préoccupent beaucoup de leur sécurité. Je pense qu’ils oublient qu’une des sécurités principales, c’est la sécurité sanitaire. Et celle-ci, on est en train de la perdre. Je pense qu’on ne voit pas arriver un grand danger qui est qu’on ne puisse plus soigner les personnes."
Face à cette crise sans précédent, les urgentistes réclament une revalorisation des salaires pour que l’hôpital public retrouve enfin de l’attractivité. Ils appellent également la population à les soutenir en respectant les gestes barrières.
Cet appel a lieu alors que les hospitalisations pour Covid-19 sont "en constante augmentation" a indiqué le CHU Grenoble Alpes, ce mercredi 22 décembre.