La situation est inédite à cette période de l'année. C'est en effet le manque de médecins et de soignants qui pousse l'hôpital de Vienne à fermer des lits, plus d'une vingtaine, tous secteurs confondus. Une situation critique qui n'épargne aucun des établissements de santé publics ou privés.
Les insuffisances de personnel sont estimées à 30 postes d'infirmiers, et autant d'aides-soignants depuis la fin septembre, soit entre 6 % et 7 % de façon mensuelle. Les problèmes d'organisation portent notamment la nuit. A cela s'ajoutent les arrêts de courte durée.
Depuis la mi-novembre, le centre hospitalier de Vienne, en Isère, a dû mettre en œuvre un dispositif organisationnel adapté en fermant notamment 25 lits. "Cette organisation temporaire a fait l'objet d'une concertation auprès de différents responsables de pôle et de services concernés. Elle se traduit par des transferts de lits, des fermetures de lits mais sans fermeture d'unité de façon complète", souligne la direction de l'hôpital.
Les principales spécialités concernées se trouvent au sein du pôle de médecine urgences, du pôle de chirurgie et du pôle de gériatrie. D'autres pistes ont été mises en œuvre "comme l'augmentation des heures supplémentaires, des missions de remplacement et des actions de communication au niveau du recrutement".
Le plan blanc a été activé pour redéployer les effectifs depuis le 5 novembre dans l'agglomération grenobloise et le Voironnais. Le CHU Grenoble-Alpes (Chuga) redoute "ce qui va se passer cet hiver".
Tous les établissements de santé de l'Isère touchés
Le professeur Marie-Thérèse Leccia, présidente de la commission médicale du Chuga le reconnaît : "La situation est inédite. Habituellement, c'est pour cause d'afflux de patients. Là, c'est très particulier. Ici, par exemple, on manque de médecins urgentistes et de personnel paramédical, et c'est le cas de tous les établissements du département, privés ou publics. Il s'agit donc de nous coordonner, d'ajuster les effectifs en fonction et de se coordonner".
L'hôpital de Voiron, rattaché au CHU de Grenoble, a annoncé le dimanche 14 novembre que ses urgences adultes ne pouvaient plus accepter de nouvelles admissions de patients entre 20 heures et 8 heures du matin.
Quelques exceptions sont accordées aux :
- urgences régulées par le centre 15,
- urgences vitales,
- urgences pédiatriques hors traumatologie lourde,
- urgences maternité.
La situation est alarmante en cette période de l'année, car ce n'est pas l'afflux de malades du Covid-19 qui en est à l'origine, comme lors de la pandémie, mais par ricochet le manque cruel de personnels soignants, médecins comme infirmiers.
En situation d'épuisement, éprouvés par le combat contre le virus, ou tout simplement dégoûtés par le métier et ses conditions, bon nombre de soignants dans le paramédical ont aussi démissionné. Certains sont suspendus, faute de pass sanitaire. Rarement la pénurie de personnel, et par conséquent la fermeture de lits, n'a été si vive.
A la clinique de Belledonne, "cela fait des semaines que 20 postes sont ouverts mais toujours vacants, ce qui nous a forcé à réduire les lits et les opérations, afin de préserver aussi la santé de ceux qui sont de service", s'alarme Christel Peres-Bruzaud, directrice générale. Pas question de conditions dégradées, il a donc fallu déprogrammer, seules restent prioritaires les urgences en cardiologie et en obstétrique.