Alors que les terrasses chauffées ont été interdites dans plusieurs villes de France, la question est brûlante à Grenoble, en Isère. La mairie souhaite convaincre les cafetiers de s'en passer, tandis que ceux-ci invoquent une nécessité économique.
Interdites depuis le 1er janvier à Rennes et depuis plusieurs années à Thonon-les-Bains, les terrasses chauffées sont au coeur du débat à Grenoble. Si la municipalité y est opposée, les cafetiers sont pour. Argument écologique contre réalité économique.
Impossible pour Frédéric Frendo, gérant du Rencard, de se passer ces équipements électriques. Ils lui permettent d'attirer les clients et sont favorables pour son chiffre d’affaires.
"Mon calcul est simple : voir la consommation électrique - qui est d’environ 150 euros par mois - et en contrepartie, regarder le chiffre d'affaires : on a au moins 15 points d’augmentation, sur les trois dernières années par rapport aux cinq premières années où on travaillait en terrasse sans chauffage."
Pas d'interdiction, mais la pression sur les cafetiers
Mais pour la municipalité écologiste de Grenoble, la transition énergétique passe aussi par les terrasses du centre-ville. Elle n’envisage pas d’interdire ces équipements, mais souhaite convaincre les cafetiers au sein des commissions municipales."Ce que ces chauffages consomment, c’est clairement disproportionné par rapport au service rendu. Donc il y a parfaitement moyen d’agir, et nous agissons : nous rencontrons régulièrement des représentants des commerces, restaurants, bars, hôtellerie et nous voulons travailler avec eux sur un objectif de forte diminution de l’utilisation de ces chauffages extérieurs", assure Olivier Bertrand, adjoint à l'événementiel à la mairie de Grenoble.
"Je ne pense que ça ait un vrai impact sur l’écologie"
Un discours qui ne passe pas vraiment auprès des patrons de bars grenoblois, car derrière ces terrasses, il y a des emplois déjà précaires."On dit qu’on chauffe la planète, mais on ne chauffe pas la planète. On chauffe des espaces clos, on chauffe nos clients. Et on le fait modérément, seulement dans les périodes très froides, argue Nicolas Creissels, président des cafetiers - syndicat hôtelier UMIH 38. Je pense que c’est une volonté des mairies d’annuler les chauffages en terrasse, parce que ça fait bien : c’est un peu commercial. Mais je ne pense que ça ait un vrai impact sur l’écologie. Nous, on y est vraiment opposé."
Les gérants ont majoritairement abandonné les chauffages au gaz pour des systèmes électriques, plus économes en énergie.