Un infirmier libéral de l'Isère a reconnu devant les enquêteurs une fraude de 400 000 euros à l'Assurance maladie, après son interpellation le 26 janvier. L'homme facturait des soins médicaux non-réalisés pour des patients, dont il utilisait la carte Vitale "à leur insu".
400 000 euros escroqués à la sécu ! C'est le bilan de la fraude d'un infirmier libéral de l'Isère, qui a avoué s'être fait rembourser des interventions médicales jamais réalisées. Interpellé le 26 janvier et placé en garde à vue, "il a reconnu entièrement les faits", a indiqué à l'AFP le brigadier-chef Daniel Oliver, de la sureté urbaine de Voiron, en précisant que l'enquête dirigée par le parquet de Grenoble était toujours en cours.
La caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) de l'Isère avait porté plainte en août 2020 auprès du parquet de Grenoble pour fraude, entraînant l'ouverture d'une enquête. A l'aide d'une "surveillance physique" et des auditions de médecins "dont les noms étaient usurpés pour établir de fausses ordonnances", les policiers ont conclu que l'infirmier libéral détournait depuis 2017 l'argent du système de santé.
Cet homme marié, père de trois enfants, établissait de fausses ordonnances avec des prescriptions de soins infirmiers qu'il ne réalisait pas mais dont il demandait le remboursement à la CPAM via ses patients réels dont il utilisait la carte Vitale "à leur insu".
Sur ces ordonnances, "il mettait [par exemple] des soins médicaux pour un patient pendant six mois tous les jours" sans les effectuer, explique Daniel Oliver, ce qui avait abouti à des montants de remboursement en sa faveur assez importants pour être détectés par la CPAM de l'Isère, qui estimait le préjudice à 400 188,40 euros.
Un triplement de son chiffre d'affaires en trois ans
Lors de son audition, dans laquelle il a reconnu "tout ce qu'on lui reprochait", il a expliqué avoir commencé courant 2017 alors qu'il débutait son activité : "il a eu du mal à payer les impôts, les charges de sa société".
Lorsqu'il est arrivé chez un patient, il a trouvé des ordonnances d'un médecin et il en a profité pour les falsifier et faire des faux, et il est tombé dans un cercle vicieux : plus il déclarait, plus il payait d'impôts, plus il fallait qu'il rentre de l'argent.
Sa fraude lui a permis de tripler son chiffre d'affaires en trois ans, et les policiers soupçonnent que sa maison avec piscine de Montferrat, une commune située au bord d'un lac au nord de Voiron, a été acquise avec "une partie de la fraude". L'enquête devra aussi déterminer si la propriété de deux appartements, l'un à Grenoble et l'autre à Paris, pourrait être également liée à cette affaire.
Aucune complicité n'a été établie, et l'homme est sorti libre de sa garde a vue, sans contrôle judiciaire ni interdiction d'exercer.