Lors de ses vœux 2023, Christian Coigné a annoncé qu’il comptait démissionner "avant l’été". Maire de Sassenage depuis 2001, il exprime sa lassitude face à "la main mise de l’Etat et de la métropole" sur sa commune. Mais assure que cette décision n'a rien à avoir avec sa condamnation pour prise illégale d'intérêts.
"Je crois que j’ai fait mon temps". Vendredi 13 janvier, le maire de Sassenage Christian Coigné a fait une annonce plutôt inattendue devant ses administrés. À l’occasion de ses vœux pour l’année 2023, il a révélé qu’il comptait démissionner "avant l’été".
L’élu centre-droit, qui occupe le fauteuil de maire depuis 2001, dit être "arrivé au bout". "Il y a une lassitude vis-à-vis des instances, explique-t-il. On n’est pas écoutés par la métropole, qui veut tout gérer. Rien que pour faire boucher un trou dans une route, il faut attendre trois mois. Et l’Etat ne nous laisse plus la main sur nos finances. Tout est dirigé d’en haut et on a plus la main mise sur notre commune".
Une partie de la population veut tout, et attend tout de la mairie. Mais d’un autre côté, les élus ne sont plus libres, on ne leur fait plus confiance.
Christian Coigné, maire centre-droit de Sassenage
Depuis son premier mandat de conseiller municipal, en 1983, il raconte avoir vu le pouvoir des élus locaux se dégrader. "Ça ne me convient plus, résume-t-il. Une partie de la population veut tout, et attend tout de la mairie. Mais d’un autre côté, les élus ne sont plus libres, on ne leur fait plus confiance. Je suis fatigué et je ne me sens plus dans l’air du temps. Aujourd’hui, quand j’arrive à la mairie, je n'ai plus envie. Je n’ai plus la motivation".
Comme lui, plus de 800 maires auraient démissionné depuis les dernières élections de 2020. C'est bien plus qu'au début de la précédente mandature, entre 2014 et 2020. "Je suis aussi vice-président de l’association des maires de l’Isère et je rencontre beaucoup de maires qui se plaignent des intercommunalités et du fait qu'ils n’ont plus la main mise sur leur commune, ajoute Christian Coigné. Beaucoup d’élus se sont présentés pour travailler sur des projets, sauf que le boulot de maire, c’est du social à 80% et ils ne sont pas préparés à ça".
Christian Coigné assure que cette démission n’a rien à voir avec sa condamnation pour prise illégale d’intérêts. En novembre 2021, il avait été condamné par la cour d’appel de Grenoble à deux ans d’inéligibilité et 2000 euros d’amende pour avoir favorisé sa fille dans l’attribution d’un logement social. "Ça n’a rien à voir, cette condamnation m’a motivé, au contraire ! Quand on m’attaque, ça me motive, ça me pousse à aller au bout, et ça m'a permis de tenir un peu plus longtemps que prévu. Bien sûr, humainement, ça n’a pas été facile, mais je suis taillé pour ça" justifie-t-il.
Un successeur annoncé
Maintenant qu'il a annoncé sa décision, Christian Coigné se dit serein, fier du travail accompli dans sa commune. "J’ai donné une attractivité à Sassenage", dit-il, en promettant que son équipe est prête à prendre la relève.
Le groupe majoritaire a déjà voté pour désigner un remplaçant, qui occupera le fauteuil de l'édile jusqu’aux prochaines élections municipales, en 2026. C’est Michel Vendra, l’adjoint au maire en charge de la culture, qui a été élu.