"Je ne peux plus payer mon loyer" : en grande précarité, des travailleurs sans papiers dénoncent "une rupture de dialogue" avec l'État

Près de 200 personnes ont manifesté, ce mercredi 4 décembre, devant la préfecture de l'Isère. Des travailleurs sans papiers accompagnés par des associations et des syndicats dénoncent une rupture de dialogue avec les services de l’État, qui plonge ces travailleurs dans une grande précarité.

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Ce mercredi matin, plusieurs centaines de travailleurs sans papiers, soutenus par des syndicats et des associations (CGT des travailleurs sans papiers, Bouge Ta Pref' 38), se sont rassemblés sur la place de Verdun à Grenoble devant la préfecture de l’Isère.

Tous dénoncent un dialogue totalement rompu avec les services de l’État et des renouvellements de titre de séjour de plus en plus compliqués à obtenir. Au milieu de cette foule, Mohammed Mrabet, 55 ans est d’origine marocaine.

Quotidien précaire 

Mohammed habite et travaille en France depuis 25 ans. Depuis un an, l’homme vit un véritable calvaire. Chez lui, ses factures s’entassent sans qu’il ne puisse les régler.

"Depuis janvier 2023, je ne peux plus payer mes dettes de loyer parce que depuis décembre, je n’ai plus d’emploi et je suis bloqué administrativement, dit-il. Je n’ai pas de droit de chômage, toutes mes allocations sont suspendues, car je n’ai pas un récépissé ni un nouveau titre de séjour pour faire valoir mes droits." 

Pourtant, Mohammed a obtenu son diplôme en France : un DEA en langues anglophones à l’université de Grenoble. Malgré cela, il peine à trouver un travail qui corresponde à son parcours universitaire. Alors il enchaîne les CDD et les contrats d’intérim comme agent de nettoyage en milieu hospitalier pendant près de huit ans. Chaque année, il renouvelle son titre de séjour, mais en 2023 la préfecture de l’Isère exige de lui une autorisation de travail.

"J’ai demandé à mon employeur de l’époque de me faire parvenir l’autorisation de travail, il m’a dit que ce n’était pas possible et qu’il me fallait le récépissé de la préfecture, mais la préfecture me demande l’autorisation de travail, donc ils se renvoient la balle", déplore-t-il.

Rupture de dialogue avec la préfecture

En cause, une nouvelle réglementation qui lui impose de présenter ce document pour renouveler son titre de séjour. Face à cette situation, Mohammed ne baisse pas les bras. Hier encore, il manifestait devant la préfecture de l'Isère aux côtés d’autres travailleurs étrangers.

"On est venu aujourd’hui pour demander la simplification des démarches administratives et notamment l’octroi des permis de séjour", raconte-t-il.

La CGT des travailleurs sans papiers accompagne Mohammed et d’autres dans leurs démarches de régularisation auprès de la préfecture. Mais depuis plus d’un an, ils regrettent une rupture de dialogue avec les services de l’État.

"Aujourd’hui, il est impossible de déposer une demande de régularisation ou même de renouveler un titre de séjour, nous dit Steeve Fluxman, membre de la CGT des travailleurs sans papiers. La préfecture est fermée physiquement sous prétexte qu’il y a un accès par le biais informatique. Ils ouvrent un accès le mercredi matin à 9 heures et en moins d’une minute tous les rendez-vous sont pris. Nous, ça fait presque 15 ans que l’on existe et on a toujours eu des rencontres avec la préfecture. La dernière rencontre que l’on a eu avec les services d’immigration, c’était en août 2023."

Contactés, les services de la préfecture de l'Isère n'ont pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication de cet article. Le 18 décembre prochain, une manifestation est d’ores et déjà prévue à Grenoble à l’occasion de la journée internationale des migrants. 

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