Jusqu'à 8 ans de prison pour les trafiquants de drogue du quartier de l'Alma, un des principaux points de deal de Grenoble

Les douze prévenus qui comparaissaient depuis plus d'une semaine devant le tribunal correctionnel de Grenoble, ont été condamnés mardi à des peines allant de 12 mois à 8 ans de prison. Un dernier, en cavale, a été condamné par défaut.

Les treize prévenus jugés dans l'affaire du trafic de drogue de l'Alma ont été condamnés - dont l'un par défaut - par le tribunal correctionnel de Grenoble mardi 17 octobre. Les condamnations vont de 12 mois de prison pour un vendeur à 3 ans pour certains exécutants, et de 5 à 8 ans d'emprisonnement pour les organisateurs du trafic.

Trois d'entre eux, faisant l'objet de mandats de dépôt, ont été incarcérés à l'issue de l'audience et quatre mandats d'arrêt ont été prononcés à l'encontre des prévenus qui ne se sont pas présentés au dernier jour d'audience.

Ahmed H., décrit comme "le patron" du réseau, a été le plus lourdement condamné : 8 ans de prison -  contre 12 années requises par le ministère public - assortis de 15 000 euros d'amende. Lui a reconnu son implication dans le trafic au cours de l'audience. "Douze ans, ça montre l’image de quelqu’un qui est foncièrement mauvais. Ce n'est pas le cas. Ca montre quelqu’un qui n’est pas réinsérable. Je ne suis pas comme ça. (...) Douze ans… Donnez-moi perpétuité, c’est pareil", désespérait le prévenu au dernier jour du procès.

Des réquisitions "démentielles" assimilables à "une peine de meurtrier", "une mort sociale", que son avocat, Me Ilié Negrutiu, attribue à "une politique pénale ciblée sur l’Alma". "C'est une manière d’exécuter sur le plan judiciaire. Il n’est l’emblème de rien, a-t-il estimé. Serait-il un trophée ?"

"Menaces", "violence", et "passages à tabac"

Le ministère public avait souligné l’importance de cette affaire "hors du commun" dans laquelle apparaissent "tous les aspects et tous les niveaux de ce trafic de stupéfiants". "C’est un dossier emblématique car il concerne un point de vente très actif de cannabis et de cocaïne dit 'du quartier de l’Alma'", a souligné dans son réquisitoire la vice-procureure Mariette Auguste.

"Ce trafic fonctionnait à l’image d’une entreprise en plein essor", a-t-elle schématisé, décrivant le rôle de chacun : vendeurs, ravitailleurs, guetteurs ou encore superviseurs. Une entreprise au sein de laquelle "on utilise les menaces, la violence, on peut passer à tabac, mutiler un être humain parce qu’il a fait perdre au trafic quelques milliers d’euros", a poursuivi la magistrate, "révoltée". Trois mis en cause auraient ainsi subi des agressions physiques pour avoir "trop parlé" ou "commis des erreurs".

"Comment espérer d’une personne qui a été agressée, qui a subi des violences physiques, qu’elle vienne reconnaître les faits ? Parfois, la parole est liée à un ancrage dans la délinquance. Parfois, la parole est liée par la peur", a insisté Me Grégoire de Petiville qui représente Abdelhamid L., 23 ans, un "ouvrier spécialisé" de ce réseau. Le jeune homme, condamné à 4 ans de prison dont un avec sursis pour s'être chargé du ravitaillement en stupéfiants, a perdu l'usage d'une main après une agression présumée.

Les réquisitions s’élevaient à 3 ans de prison pour les petites mains du réseau, et montaient de 10 à 12 ans d'emprisonnement assortis de 50 000 euros d’amende à l’encontre des organisateurs. La représentante du ministère public a désigné cinq protagonistes à la tête de l’organisation : les frères H. aidés, dans une moindre mesure, par leurs cousins, les frères A., avec la collaboration de leur associé, Richard M. 

"Sentiment d'injustice"

Des protagonistes qui profitaient d’un train de vie luxueux "sans commune mesure avec leurs revenus déclarés", selon l’accusation. "Il vit comme un cafard dans un hangar", a objecté l’avocate de Richard M., Me Mélanie Muridi. "Je ne sais pas quel est le costume qu’on essaie de lui faire porter, mais ce costume est un peu grand", a insisté le conseil du prévenu âgé de 43 ans : "Les chefs de réseaux sont intelligents ou violents, et Richard M. n’est ni l’un ni l’autre." Il a été condamné à 5 ans d'emprisonnement complétés, à sa sortie de prison, de 5 années d'interdiction de séjour à Grenoble.

D'une seule voix, les défenseurs se sont accordés, lundi, à dénoncer un dossier basé sur des "interprétations policières", "les ouï-dire" et "la rumeur". Beaucoup ont plaidé la relaxe pour la majorité des infractions reprochées à leur client, dénonçant le manque de preuves.

"Nous partageons, sur le banc de la défense, ce même sentiment d’injustice", a souligné Me Florent Girault, l'avocat de Nessim H. Le trentenaire, qui comparaissait comme l'une des têtes de réseau, a été condamné à 5 ans de prison et 15 000 euros d'amende alors que 8 ans d'emprisonnement avaient été requis à son encontre. "Je suis tombé de 700 étages. Je suis mort de l’intérieur. Ca a été une bombe nucléaire chez moi", a déclaré le prévenu à la barre, regrettant la sévérité des réquisitions, avant que le tribunal ne se retire pour délibérer. Il a, comme son frère Ahmed H., été conduit en détention à l'issue de l'audience.

L'actualité "Faits divers" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Auvergne-Rhône-Alpes
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité