Fête des tuiles : fin de garde à vue pour le maire de Grenoble Eric Piolle qui rejette les soupçons de favoritisme

Eric Piolle a été entendu par les enquêteurs de la police judiciaire de Valence ce mardi. Il a été auditionné en garde à vue dans le cadre l'enquête préliminaire ouverte pour des soupçons de favoritisme dans l'attribution de l'organisation de la Fête des tuiles.

Le maire de Grenoble, Eric Piolle, a été entendu en garde à vue pendant plusieurs heures ce mardi 1er juin dans l'enquête sur l'attribution de l'organisation de la Fête des tuiles. L'édile s'est rendu sur convocation de la brigade financière dans les locaux de la police judiciaire de Valence (Drôme) où est menée l'enquête préliminaire, a-t-on appris de sources concordantes, confirmant une information du Dauphiné Libéré.

Il est sorti des locaux de la police judiciaire, rejetant les soupçons de favoritisme qui pèsent sur sa majorité. "Après audition détaillée, cette garde à vue a été levée ce soir à 17h45 sans qu'en l'état de décision n'ait encore été prise sur l'orientation donnée à cette enquête et d'éventuelles poursuites judiciaires", a fait savoir le parquet de Valence par voie de communiqué, ajoutant que "les investigations complémentaires se poursuivent".

Les soupçons portent sur l'organisation des éditions 2015 et 2016 de la Fête des tuiles, grande manifestation festive qui met à l’honneur les associations grenobloises. La Chambre régionale des comptes a émis un signalement au parquet de Valence en 2018, où l'enquête a été dépaysée, pour des soupçons de favoritisme dans l'attribution de l'organisation de l'événement. L'enquête vise à déterminer si l'association Fusées, proche de la majorité, a été favorisée par la municipalité grenobloise.

"Je suis au service de la justice en tant que patron de l'administration municipale, c'est bien normal. J'ai répondu à leurs questions", a déclaré Eric Piolle à sa sortie de garde à vue. "Il y a aujourd'hui une administration qui a fait son travail, il y a la justice qui fait son travail. Elle est attaquée de toute part donc je ne politiserai pas cette affaire, a poursuivi l'édile écologiste devant la presse. Je suis un justiciable comme M. et Mme tout le monde. Il n'y a rien de nouveau aujourd'hui par rapport aux éléments que vous avez pu lire dans le rapport de la Chambre régionale des comptes."

 

"Irrégularités importantes"

Fusées s'était vue attribuer ces marchés en 2015 et 2016 "sans faire de publicité ni de mise en concurrence" alors que la loi l'exige, selon la Chambre régionale des comptes. Ces marchés s'élèvent à 123 455 euros en 2015 et 128 909 l'année suivante, peut-on lire dans ce même rapport.

Pour un autre contrat portant sur cette fête, un devis ayant valeur de contrat "a fait l'objet d'une tentative d'effacement des dates de réception", ce qui a permis "de ne pas faire figurer de dates incohérentes", souligne la Cour. Selon elle, la passation de ces marchés "présente plusieurs irrégularités importantes", les règles de publicité et de mise en concurrence n'ayant "pas été respectées" et le conseil municipal n'ayant "pas été correctement informé".

Deux Grenobloises proches de l'ancien maire de Grenoble Alain Carignon (LR) avaient déposé une première plainte, puis une autre, contre X en septembre 2019, avec constitution de partie civile. Cette seconde plainte n'avait pas donné lieu à la saisie d'un juge d'instruction pour des raisons de procédure.

D'après nos informations, des personnels de la ville de Grenoble ont déjà été auditionnés dans ce dossier. Mais c'est la première fois que le maire écologiste est entendu en garde à vue. Il s'était exprimé sur cette affaire en 2018, considérant qu'il s'agissait d'une "nouvelle attaque de ses adversaires politiques". Face aux enquêteurs, il a donc dû se justifier concernant les conditions d’attribution des deux marchés publics. "Il n'y a pas besoin de nier quoi que ce soit. Il y a un débat technique posé par la Chambre régionale des comptes sur le choix entre deux procédures de marchés publics (...) C'est un débat technique", a indiqué Eric Piolle devant les locaux de la police de Valence.

 

"Proximité indubitable"

"C'est clairement un arrangement entre amis", estime un ancien élu de la majorité contacté par l'AFP. Il évoque des "relations fortes" entre l'édile et l'association dont le cofondateur faisait partie du comité de soutien d'Eric Piolle aux élections municipales de 2014. Un autre ancien conseiller municipal interrogé par France 3 Alpes parle de "proximité indubitable" entre Eric Piolle et le cofondateur de cette association. Fusées était par ailleurs prestataire de la campagne d'Eric Piolle en 2014. Elle a été mandatée pour coller des affiches électorales.

Contacté, l'entourage du maire de Grenoble n'a pas souhaité réagir. Plusieurs responsables politiques ont exprimé leur soutien à Eric Piolle. "Je dis mon estime et amitié à Eric Piolle. Je suis certain que sa décision concernant la fête des Tuiles était la bonne", a déclaré le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, sur Twitter. Pour le secrétaire nationale d'Europe-Ecologie Les Verts (EELV) Julien Bayou, cette garde à vue est "l'occasion de défendre la position de la ville et expliquer pourquoi cette décision est parfaitement légale." "Contrairement à d'autres, nos élu-es ne fuient ni ne dénigrent la justice", ajoute-t-il.

 

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