Maud Carretta, étudiante éborgnée à Grenoble : de 6 à 10 mois de prison avec sursis requis contre les policiers

Des peines de prison avec sursis ont été requises contre 4 policiers jugés ce lundi 8 octobre 2018 à Lyon. Ils étaient poursuivis pour les "blessures involontaires" infligées à Maud Carretta. En 2007, la jeune étudiante en médecine avait perdu un oeil en marge d'une manifestation à Grenoble.

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De six à dix mois de prison avec sursis ont été requis ce lundi 9 octobre 2018, tard dans la soirée, contre quatre policiers, dont un commissaire, jugés à Lyon pour un tir de grenade ayant éborgné une étudiante à Grenoble en marge d'une manifestation en mai 2007.

Si le commissaire, à la tête des opérations ce jour-là, a été renvoyé dès 2013 en correctionnelle pour "blessures involontaires", les trois autres policiers ont d'abord bénéficié d'un non-lieu, le tireur ne pouvant être identifié.

Puis, saisie par les parties civiles, la Cour de cassation a estimé en juillet 2017, que même sans identifier le tireur, "on peut engager la responsabilité de toute personne qui a contribué au dommage avec une commune imprudence", a rappelé lundi le procureur de la République.

Les faits remontent au 16 mai 2007, soir de l'investiture de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République : une manifestation de militants d'ultra-gauche est dispersée par 200 policiers et gendarmes. En fin de soirée, Maud C., étudiante en médecine de 23 ans, traverse avec une amie une place sur laquelle restent quelques contestataires.
    
Une grenade de désencerclement est lancée, qui la touche à l'oeil. Elle a dû subir une dizaine d'opérations, a perdu un oeil, l'odorat et le goût. En tout quatre grenades ont été tirées. La situation le justifiait-il ? Les sommations d'usage ont-elles été faites correctement avant ? 
    
"On ne se sentait pas du tout en insécurité, on n'a pas vu d'attroupement", témoigne la jeune femme aux longs cheveux blonds et au doux visage derrière les lunettes en écaille que cette psychiatre d'aujourd'hui 34 ans porte désormais. "Ce que j'attends, c'est surtout un peu de reconnaissance de ce qu'il s'est passé", ajoute-t-elle.
    
"Il y a d'abord une compassion pour la victime qui a été blessée alors qu'elle n'était pas manifestante et une incompréhension par rapport à la blessure", répond le commissaire.

Ces grenades de désencerclement étaient alors utilisées depuis deux ans et les fonctionnaires de police avaient reçu une formation "plus que succinte", relève pour sa part le président. 

Quant aux sommations, le commissaire a expliqué que trois fusées rouges ont bien été tirées. Mais les tirs ont eu lieu près d'une demi-heure avant le tir de grenades. Et plutôt que des fusées, le commissaire aurait dû, comme la réglementation l'y invite, utiliser un porte-voix pour ordonner la dispersion, fait encore remarquer le président.

Pour l'avocat des parties civiles (Maud et son père) Me Hervé Gerbi, il s'agit "d'une erreur policière grave". L'avocat des trois policiers a demandé leur relaxe et l'avocat du commissaire une simple amende.

Poursuivis pour violences involontaires, ils encourent une peine maximale de trois ans d'emprisonnement. Le jugement a été mis en délibéré au 10 décembre.

 

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