Les coursiers de la plateforme internet Deliveroo se sont mis en grève samedi 10 août à Grenoble. Ils dénoncent une baisse de leur rémunération, le manque de primes et un dialogue impossible avec leur employeur.
Les coursiers grenoblois rejoignent le mouvement de grève national pour dénoncer l'"opacité" de leurs conditions de rémunération par Deliveroo. Leur mode d'action : refuser toutes les courses qui leur sont proposées par la plateforme, le leader de la livraison de repas en France, samedi 10 août.
"Depuis un an, on ne fait que constater une dégradation de nos conditions de travail. Deliveroo baisse petit à petit la rémunération à la course, ils suppriment les primes « pluie » et il y a un algorithme de plus en plus flou. On est dans l'incapacité de comprendre comment on est facturés", liste Arthur Badin, coursier pour la plateforme à Grenoble, qui renchérit : "Mon chiffre d'affaires a baissé de 50% sur certaines courses".
Entre Deliveroo et ses coursiers, le dialogue est rompu. "On a simplement cessé d'essayer de les contacter", reprend Arthur. "A chaque fois qu'on exprime ce qui ne se passe pas bien, il n'y a jamais aucune remontée. Deliveroo ne prend rien en compte. On a le sentiment qu'ils se moquent de nous", dit-il encore.
Grille tarifaire controversée
Deliveroo a récemment révisé sa grille tarifaire. Pour les clients, pas de changement à noter mais pour les livreurs, le tarif minimum qu'on leur verse à chaque course fixée à 4,70 euros est supprimé. Désormais le tarif s'applique en fonction du temps de parcours. Un nouveau système qui révolte de nombreux livreurs, bien que certains y trouvent leur compte.
"Depuis la nouvelle tarification, je gagne mieux ma vie, le chiffre d'affaires est mieux réparti entre toutes les courses, estime pour sa part Baptiste Lebrun, coursier à Grenoble. On gagne moins sur les petites courses mais beaucoup plus sur les longues. Quand je regarde mon chiffre d'affaires sur une heure, je gagne plus d'argent : de 16 euros je suis passé à 18."
Baptiste travaille pour la plateforme à temps plein depuis deux ans. Depuis le début du mois d'août, il a déjà effectué plus de 40 heures de travail et reconnaît qu'il manque encore de recul sur le nouveau système de tarification : "Il faut voir ce que ça donne sur un mois". Pour sa part, Arthur Badin, qui a pris part à la grève, évoque un sentiment d'injustice entre les livreurs.
"Je n'ai pas la sensation d'être respecté par Deliveroo"
"On se rend compte que l'algorithme de Deliveroo est personnalisé en fonction des livreurs : selon leurs statistiques, leur rapidité, la satisfaction du client... Et la plateforme joue constamment sur l'offre et la demande : on a une fluctuation de nos facturations, explique-t-il. D'un jour sur l'autre, je serai incapable de dire le prix d'une course."
Mais tous se rejoignent sur un point : les primes insuffisantes. Les jours de pluie ou de canicule, rares sont les fois où les coursiers ont pu bénéficier d'une gratification de la part de la plateforme. "Je suis le premier à râler sur le manque de primes, reconnaît Baptiste Lebrun. Je n'hésite pas à envoyer des photos à la personne qui est en charge des coursiers, ensuite Londres inspecte la zone mais la prime pluie ne sort jamais. Je n'ai pas la sensation d'être respecté par Deliveroo à ce moment-là parce que je travaille sous la pluie sans avantage"
Les grévistes parlent même de "ras le bol général" quant à l'attitude du livreur de repas. "Les restaurateurs se voient serrer la vis sur leurs contrats de partenariat avec Deliveroo", ajoute Arthur Badin. Le gréviste avoue être déçu de la faible mobilisation à Grenoble samedi où cinq personnes se sont réunies. Mais selon lui, d'autres livreurs ont pris part au mouvement en refusant les commandes, sans se rendre au rassemblement.