Ce mardi 3 décembre, 80 salariés de l'usine de fabrication Heineken à Marseille ont déposé un préavis de grève illimitée. Ils dénoncent le manque de dialogue avec la direction dans le cadre des négociations salariales annuelles.
Devant l'usine de fabrication de la bière Heineken à Marseille, dans le quartier de La Valentine, c'est un mouvement de mécontentement qui gagne les salariés, ce mardi 3 décembre. Face à l'inflation, ils souhaitent que leurs salaires et primes soient revalorisés. Des revendications ignorées selon eux par la direction.
Installée ici depuis plus de 30 ans, cette usine du 11ᵉ arrondissement de Marseille fait partie des trois sites de production français, avec Mons-en-Barœul, dans le Nord, et Schiltigheim près de Strasbourg, en Alsace. Elle fournit tout le sud de la France. Ce mardi 3 décembre au matin, environ 80 salariés se sont réunis dans le calme pour déposer un préavis de grève illimitée. Un mouvement de mobilisation sociale inédit au sein l'entreprise n'avait pas connu de grève depuis 20 ans.
Revendications sur les salaires et primes
Objet de la discorde : les négociations annuelles obligatoires (NAO), soldées par un refus d'augmentation de salaires et de primes, la semaine dernière. Ils demandaient un geste de la direction en octroyant un sursalaire de 200 euros pour lutter contre l'inflation et une renégociation des primes. "Ça fait 10 ans que les primes sont au même tarif, pourtant, il y a l'inflation. La production, on est au rendez-vous, les stocks sont pleins. On ne peut pas dire que le salarié ne fait pas son travail et n'est pas méritant d'avoir un minimum de respect et d'augmentation", explique avec colère Salima, secrétaire CSE CGT. "Malgré le bénéfice de 100 millions d'euros d'Heineken tous les ans, nous, on revient avec des miettes", ajoute Nicolas Muller, délégué CGT.
Dialogue de sourds
Salima parle aussi du manque de considération des salariés de la part de la direction. Les employés "se lèvent parfois à 3 h 30 du matin parce qu'ils ont de la route à faire, travaillent sur des quarts de nuit et ne profitent pas des bons moments avec leur famille pour pouvoir fournir un travail quasiment irréprochable à Heineken. Et de l'autre côté, on n'est pas entendus".
Le dialogue n'existe plus.
Gilles, employé à la brasserie de La Valentineà France 3 Provence-Alpes.
Les grévistes soutiennent que le dialogue avec la direction est rompu. "On ne peut plus échanger avec eux", affirme Gilles, un des employés à la brasserie de La Valentine, qui pointe du doigt la fatigue des salariés. "Selon certains organismes, ça nous enlève quand même de l'espérance de vie. On travaille les week-ends, les jours, les nuits. Ça fait des années que notre salaire stagne et que le coût de la vie nous rattrape. Tout le monde commence à saturer."
Les négociations sont aujourd'hui à l'arrêt. Contactée par la rédaction, la direction d'Heineken assure n'avoir aucun commentaire à faire sur la situation.