Sami Bernoui, accusé d'avoir causé la mort de sa fille Hafsa, a reconnu avoir infligé les violences fatales à la fillette, décédée à l'âge de 15 mois.
Au sixième jour de son procès devant les assises de l'Isère, Noémie Villard, accusée de la mort de sa fille de quinze mois en 2017, a pour la première fois désigné Sami Bernoui, son mari et père de l'enfant, comme l'auteur des violences fatales. Et ce dernier a confirmé, la voix est douce, à peine audible pour la cour et les jurés.
Très vite, alors que le président de la cour d'assises lui a demandé de venir à la barre, Noémie Villard, la mère de Hafsa Bernoui, affirme qu'elle n'a pas de réponse aux questions qui se posent encore sur la responsabilité des coups portés à sa fille avant sa mort. "Ca m'interroge encore", a-t-elle glissé.
Et puis, au fil des questions, sa version évolue lentement. "J'étais pas d'accord avec son comportement (celui de Sami Bernoui, ndlr)", finit-elle par dire, commençant à raconter son quotidien avec sa fille et son fils nouveau-né, dans le domicile familial, dans lequel la température était "comme dehors" en cet hiver 2016-2017.
Elle tentait de réchauffer ses enfants "avec ce (qu'elle) avait" : "J'essayais de leur mettre un maximum de vêtements". Les jours précédant la mort d'Hafsa, alors qu'elle constate ses douleurs, elle fait des recherches sur internet, sur le "traumatisme de l'abdomen" ou la gastro-entérite.
Et les deux parents, de confession salafiste, s'envoient des SMS, parfois enfantins, tout au long des nuits, que Sami Bernoui passe au chaud chez son autre compagne. Noémie Villard : "Faut que je fasse quoi quand elle a mal ?". Sami Bernoui : "Tape comme je t'ai dit". Noémie : "Elle a mal. C'est son ventre qui la gêne". Sami : "Fais le chier, appuie un peu fort". "Pour la péritonite, vous n'avez rien fait, rien vu ?", l'interroge le président. "Non", l'accusée reconnaît seulement avoir vu "des claques" de la part de son mari.
"C'est à cause de moi"
Et puis à l'avocate générale Gisèle Auguste, qui l'interroge sur les coups donnés, elle lance, presque comme une révélation : "Du coup, si c'est pas moi, c'est Sami". Ce qu'elle répète sur question de Me Ronald Gallo, avocat de Sami Bernoui. Enfin, à son avocate Me Roksana Naserzadeh, elle répond : "Hafsa n'a pas pu se faire ça toute seule".
Selon les experts entendus vendredi, Hafsa Bernoui est morte d'une péritonite et d'un syndrome du bébé secoué. Mardi après-midi, Sami Bernoui a admis sa responsabilité dans tous ces faits, parce qu'il avait "de la colère", non pas contre sa fille mais "de manière générale".
Le 1er mars 2017, "je me souviens l'avoir secouée, mais pas dans l'intention de lui faire du mal". Un secouement qui serait intervenu, selon ses dires, "après" être tombé le même jour sur sa fille, avec son genou sur l'abdomen, alors que la petite était allongée sur un matelas posé par terre. "J'étais dans un gouffre, ça allait pas bien", tente d'expliquer le père de famille, "j'étais toujours braqué, j'étais toujours contre".
Le président lui soulignant que son couple était dans une bonne période, puisqu'il avait récupéré la petite Hafsa après 9 mois de placement judiciaire et qu'un deuxième enfant venait de naître fin octobre, Sami Bernoui précise : "ça allait mieux, oui, mais psychologiquement, j'étais mal, j'avais trop de choses à supporter. A ce moment là, j'avais le coeur faible".
A la fin de son interrogatoire, Sami Bernoui demande encore la parole : "Si ma fille est morte, c'est à cause de moi. Si ma femme a fait de la prison, c'est à cause de moi". Sami Bernoui, 26 ans, et Noémie Villard, 22 ans, encourent 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict devrait être rendu jeudi.