Dans le quartier Gustave Rivet de Grenoble, six médecins cessent leur activité et ne seront pas remplacés. Les patients s’inquiètent pour leur suivi et craignent de ne pas retrouver de généralistes dans ce désert médical urbain qui s’intensifie.
L’hémorragie atteint désormais les villes. Dans le quartier Gustave Rivet de Grenoble, cinq médecins partent à la retraite, et une a fait le choix d’arrêter son activité libérale.
Le docteur Anderson dénonce une pression de la sécurité sociale de plus en plus forte. "Je vois 3 patients par heure, leur objectif c’est 6 par heure. Ils veulent nous faire embaucher des assistants médicaux et des infirmières de pratique avancée. C’est-à-dire que ça sera quelqu’un qui fera la préconsultation et nous, on viendra juste donner notre regard d’expert en disant si on est d’accord ou non. Et ça, c’est très très loin du métier que j’ai appris", regrette-t-elle.
De l’autre côté de bureau, Jordi comprend cette décision. Patient du Dr Anderson depuis plus de vingt ans, il redoute la recherche d’un nouveau médecin traitant : "Il y a une relation de confiance qui s’était installée pendant toutes ces années, tout un historique aussi. Et de mon côté, je vais devoir retrouver un autre médecin généraliste".
Après 30 années de carrière, le Dr Anderson rendra sa blouse fin décembre. Elle avait à sa charge près 1 500 patients.
Boom démographique
Pour Didier Legeais, vice-président du syndicat des médecins de l'Isère, l’une des causes de cet effondrement reste le manque d’anticipation des politiques. "Les hommes politiques n’ont rien voulu anticiper. En 1947, il y a eu un baby-boom. Ces personnes nées pendant le baby-boom auront 80 ans en 2027, avec une espérance de vie à 90 voire 100 ans. Ce qui veut dire que jusqu’en 2047, on va se prendre une vague démographique comme on ne l’a jamais vue" analyse-t-il.
Près de 10 000 Grenoblois se retrouveront sans médecin d’ici la fin de l’année, et ce nombre va encore augmenter avec la vague de départs en retraite des soignants.
En juin 2023, 49 000 patients grenoblois étaient suivis par des médecins de plus de 60 ans.