Le sénateur isérois Michel Savin propose, dans le cadre du projet de loi contre le "séparatisme", d'interdire le port du burkini dans les piscines publiques. Cette tenue de bain a été au centre de nombreuses polémiques, notamment à Grenoble.
C'est un amendement qui risque de cristalliser les tensions lors des débats, qui s'annoncent houleux, sur le projet de loi confortant le respect des principes de la République - dit loi "séparatisme". Le sénateur Les Républicains (LR) de l'Isère Michel Savin propose, dans ce texte, d'interdire le port du burkini dans les piscines et espaces de baignade publics. Adopté en première lecture par les députés en février, le projet de loi sera examiné par le Sénat à partir du mardi 30 mars.
Ce maillot de bain couvrant a été au cœur de plusieurs polémiques, notamment à Grenoble à l'été 2019 lorsque plusieurs femmes étaient allées se baigner dans une piscine publique en revêtant cette tenue. Une opération organisée par l'association Alliance citoyenne pour demander l'autorisation du burkini, et l'affaire avait causé des remous jusqu'au sein du gouvernement.
Selon l'ancienne Secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, cette action était "le fait d'une petite minorité agissante qui promeut une forme d'islam politique et qui lutte contre le droit des femmes dans le but de créer une nouvelle norme qui serait le fait de se couvrir lorsque nous sommes en présence d’hommes." Le maire écologiste de Grenoble avait alors estimé que l'Etat devait trancher sur la question, et non l'exécutif local.
"Nous souhaitons inscrire dans notre droit l'interdiction du burkini afin de prévenir ces dérives contraires au principe d'égalité entre les femmes et les hommes."#PJLSéparatisme @MichelSavin38
— Républicains Sénat (@lesRep_Senat) March 29, 2021
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Interdiction du voile
"Les élus locaux sont aujourd’hui démunis, d’une part face à la pression d’actions militantes et provocatrices en faveur du burkini, et d’autre part face à l’État qui ne prend pas ses responsabilités pour clarifier la situation", confirme le sénateur isérois à l'origine de cet amendement. Un texte où ces actions sont décrites comme "délibérément provocatrices."
"Cet amendement vient inscrire dans notre droit l’interdiction du burkini afin de prévenir les dérives communautaristes contraires au principe d’égalité entre les femmes et les hommes", ajoute Michel Savin dans un communiqué, estimant que "les règles doivent être claires et sans appel pour tous".
Autre amendement déposé dans le cadre de ce projet de loi : l'interdiction du port de signes ou tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse dans l'espace public, dont le voile. Pour l'antenne grenobloise de l'association Alliance citoyenne, ces interdictions "sont facteurs d’exclusion pour les femmes concernées". Et de rappeler la prise de position de la Défenseure des droits, jugeant "discriminante" la décision d'interdire le burkini sur une base de loisirs de la région parisienne en janvier.