Réforme des retraites : des blocus des lycées à la tête des cortèges, les jeunes "veulent prendre le relais" de la mobilisation

De plus en plus de lycéens rejoignent la mobilisation contre la réforme des retraites. A Grenoble, ces adolescents occupaient la tête du cortège lors de la dixième manifestation organisée par l’intersyndicale ce mardi 28 mars. Et ils s’organisent chaque jour pour bloquer des lycées. Pour beaucoup, le 49-3 a été "un déclencheur de colère".

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Ils se sont levés tôt, très tôt, ce mercredi matin. Dès 6h30, une quinzaine d’adolescents se sont donné rendez-vous devant le lycée des Eaux Claires, situé au sud de Grenoble, pour obstruer les entrées avec des poubelles. "On veut montrer que la jeunesse poursuit la mobilisation, et qu’on est encore dans la rue même en dehors des jours de manifestation" explique Daphné, 17 ans. Toute la matinée, ils sont une trentaine à bloquer l’accès à l’établissement.

Cette action a été décidée mardi soir lors d’une "assemblée générale inter-lycéenne". Au cours de cette réunion, des élèves représentants de plusieurs établissements grenoblois ont établi un roulement pour bloquer un lycée chaque jour.

"Un additionnement du mécontentement

À Annemasse, en Haute-Savoie, 200 lycéens ont eu la même idée ce mercredi matin. Là encore, ce sont des poubelles qui font office de barrières pour empêcher l'accès au lycée Jean Monnet. Certains manifestent pour la première fois. "La réforme des retraites, évidemment, on est contre. Mais ce qui est le plus grave, c'est la dérive autoritaire. Ce qui concerne le plus la jeunesse, c'est l'inaction climatique et les retraites, on veut pas de ce monde là", énumère Armand. 

Inaction climatique, déni de démocratie, réforme du bac : la mobilisation contre la réforme des retraites semblent cristalliser bien plus de préoccupations chez les lycéens. "Toutes ces luttes, c’est un additionnement du mécontentement" résume Daphné. 

C’est l’utilisation du 49-3 qui fait que je suis dans la rue aujourd’hui. 

Aiden, 16 ans

Mardi 28 mars, lors de la dixième journée d'action contre la réforme des retraites, c’est le lycée Champollion de Grenoble qui a été visé par un blocus. Toute la matinée, une quarantaine de lycéens ont occupé l’entrée principale, en reprenant les codes des manifestations syndicales : musique à fond, mégaphone et barbecue.

"Si on se bat, ce n'est pas que pour nous. On se bat aussi pour tous les travailleurs qui sont quasiment à la retraite comme les ouvriers et les caristes" raconte Gabriel, élève de terminale au lycée Champollion.

Âgés de 15 à 18 ans, ces lycéens reconnaissent que la retraite n’est pour eux qu’un vague horizon. Peu mobilisés jusqu’à présent, ils sont nombreux à avoir débuté leurs actions mi-mars. "Pour moi, la retraite elle est loin, mais c’est surtout le 49-3 qui pose problème face à la démocratie. C’est vraiment un affront peuple", insiste Aiden, 16 ans.

Pour Daphné, cette mobilisation tardive s’explique aussi par l’agenda scolaire des lycéens. "En janvier et février, on était tous préoccupés par les épreuves anticipées du baccalauréat. Et c’est vrai qu’au début, on ne se sentait pas trop concernés par cette réforme, reconnaît l’adolescente. Mais maintenant que les épreuves sont passées, on a le temps de se mobiliser. Et le fait que le gouvernement passe en force, ça nous a encouragés à lutter. On est là par solidarité, car ça touche nos parents et nos grands-parents".

Les jeunes en tête de cortège

En plus des blocus, les lycéens se mêlent désormais aux manifestations officielles. À Grenoble ce 28 mars, ils occupaient même la tête du cortège. "Pour les jeunes, c’est important de se pencher sur ce qu’il va leur arriver plus tard et commencer à s’engager maintenant" déclare une jeune fille, qui tient à bout de bras la banderole de tête.

Devant elle, Zian, 17 ans, hurle dans son haut-parleur. Secrétaire général du syndicat Isère Émancipation Lycéenne, il joue les chauffeurs de salle, et galvanise une foule survoltée.

Pour lui, le combat n’est pas terminé malgré l’adoption de la loi. "La suite, on la voit dans la rue. Car les parlementaires n’en ont rien à faire de l’avis des Français et de la jeunesse. Donc c’est à nous, dans les manifestations et dans les blocus, de convaincre tout le monde de nous rejoindre pour créer un grand mouvement qui peut tenir".

Ces jeunes l’ont bien compris, l’enjeu du mouvement social est de durer. Face à une mobilisation en baisse, ils veulent "prendre le relais des travailleurs" pour faire reculer le gouvernement. Dans le cortège, certains confient être prêts à "passer à la vitesse supérieure". 

Selon un sondage Ifop, réalisé en mars 2023, 63 % des 18-24 ans sont même favorables à un durcissement du mouvement.

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