Le parking de l’Esplanade à Grenoble est de nouveau le théâtre de fouilles. À l’issue d’un premier diagnostic archéologique mené en 2022, les vestiges d’un édifice religieux avaient été mis au jour. Pour continuer de percer les secrets de cette église, les archéologues ont réinvesti les lieux de ce futur parc urbain.
Une nouvelle campagne de fouilles a débuté sur le parking de l'Esplanade, à Grenoble. Depuis le mois de septembre, une équipe d'archéologues s'active pour mettre au jour les vestiges d'un ancien ermitage, daté du XVIe siècle. En 2022, un premier diagnostic du site avait permis de découvrir une chapelle et des sépultures, dans le cadre du projet de réaménagement de l'Esplanade.
Les fouilles doivent permettre d'en apprendre davantage sur les pratiques funéraires de l'époque. "Pourquoi a-t-on cet ermitage aux portes de Grenoble ? Quelles ont été les pratiques funéraires mises en œuvre ici ? Il est assez rare de fouiller des ermitages", avance Nicolas Minvielle Larousse, responsable de recherche archéologique à l'Inrap. Au moins quatre sépultures ont été déterrées.
Reconstituer l'aménagement des berges de l'Isère
Construits en marge des villes, les ermitages étaient des lieux "de dévotion, où les gens s’arrêtent. Les ermites vivent d’aumône, c’est un lieu de passage avec une relative tranquillité pour ceux qui y vivaient", poursuit le spécialiste. "Il y avait probablement une maison attenante à cette église. Cette chapelle est néanmoins à proximité d’axes de communication."
Ce chantier archéologique est l'occasion pour les spécialistes de l'Inrap de s'intéresser à l'aménagement des berges de l'Isère. Les fouilles doivent leur permettre de "comprendre à partir de quand, pour quelles raisons et selon quelles modalités les pouvoirs publics ont gagné ce terrain sur le fleuve et l’ont aménagé", explique Nicolas Minvielle Larousse.
"On documente à la fois les dynamiques de l’Isère, ça nous permet d’avoir des éléments sur la fréquence des inondations, la manière dont les hommes ont réussi à gagner ce terrain. Les enquêtes sont multiples. La phase de fouille en est une, mais ce n’est pas la seule. Il y aura des phases d’étude en laboratoire, en archives…"
Un calendrier bien défini
Mais la météo pluvieuse des derniers jours ne facilite pas leur travail. "Les changements d’hygrométrie, chaud, froid, pluie… Les ossements n’aiment pas ça. Déjà qu’ils ne sont pas très bien conservés. Il faut qu’on les prélève rapidement", avance Anne-Gaëlle Corbara, archéologue.
Les fouilles doivent se poursuivre jusqu'à la mi-novembre "avant qu’on puisse entamer le déroulement normal du chantier", indique Alan Confesson, adjoint au maire de Grenoble chargé des commerces et de l'espace public. Après l'édition 2025 de la fête des rameaux, qui se tiendra en avril, des travaux d'aménagement de l'Esplanade seront entrepris.
"Les rameaux sont en avril. La foire arrive relativement tard, ce qui nous laissera le temps de nous retourner s'il y a un imprévu, fait savoir Alan Confesson. A priori, les équipes qui assurent les fouilles sur place nous disent que normalement, il ne devrait pas y avoir de nouvelle découverte majeure qui nécessiterait une prolongation de la durée des fouilles."
D'ici là, des visites au public seront organisées les 16 et 23 octobre pour découvrir le patrimoine de Grenoble.