Incarcéré depuis juin 2021 pour l’assassinat de sa femme ainsi que le meurtre et le viol de sa fille, près de Grenoble en 1993, un homme âgé de 75 ans réclame la levée de sa détention provisoire dans l’attente de son procès. Il affirme son "innocence".
"Je déclare tout de suite que je suis innocent" a indiqué, ce jeudi 28 décembre 2023, M. M., âgé de 75 ans, devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Grenoble qui doit statuer sur sa demande de mise en liberté, dans l’attente de son procès. Le septuagénaire est placé en détention provisoire depuis juin 2021 pour l’assassinat de sa femme Michèle et pour le meurtre et viol de sa fille Christine, le 7 janvier 1993 à Sassenage, en Isère.
Ces faits, M. M. les nie. "Je n’ai rien à voir avec ces assassinats, c’est une infamie" poursuit-il, ajoutant qu’il n’avait aucune raison de commettre ces crimes car il "aimait" sa femme et sa fille et qu’il se trouvait, au moment des faits, "à l’autre bout de l’Europe en Roumanie".
Une double meurtre élucidé grâce à la science
Le 7 janvier 1993, en début de soirée, les corps sans vie de Michèle M., 43 ans, et de sa fille Christine, 13 ans, sont découverts à leur domicile, par les gendarmes, alertés par l’employeur de la mère de famille. Les deux victimes ont été égorgées. Dans les jours et les mois suivants, l’enquête n’avait débouché sur aucune piste probante.
Il aura fallu attendre 28 ans et la succession de cinq juges d’instruction en charge du dossier pour élucider les faits. C’est donc en 2021 que M. M. est mis en cause suite à de nouvelles expertises rendues possibles par les progrès technologiques, ayant mis en évidence de nombreuses traces du sperme de M.M sur le pantalon de sa fille, faisant basculer l'enquête.
L'alibi du voyage en Roumanie du suspect avec son fils au moment du crime présentait également des fragilités, avaient estimé les enquêteurs, présentant cet emblématique "cold case" comme désormais résolu.
Un procès "envisageable" avant fin 2024
Mais pour l'avocat du suspect, Me François Saint-Pierre, ce dossier représente pour son client "un risque majeur d'erreur judiciaire". "Rien n'a été fait pour voir si M. M. avait pu revenir en secret et commettre ce crime", a-t-il accusé, fustigeant la "légèreté de l'enquête" à l'époque. Quant aux traces de sperme retrouvées sur le vêtement, elles seraient en réalité "antérieures" au crime et ne prouveraient donc rien, selon lui. Il a également déploré que la longueur de l'instruction compromette les chances que le procès, "seul moyen de démontrer" son innocence, ait lieu en 2024.
L'avocat de la famille des victimes, Me Hervé Gerbi, a pour sa part estimé qu'un maintien en détention du suspect, qui a la double nationalité française et roumaine, paraîtrait "logique", invoquant un risque de fuite. Le parquet a également demandé son maintien en prison, estimant qu'un procès avant la fin 2024 reste "envisageable". La décision de la chambre est attendue ce vendredi 29 décembre 2023.