Après une lettre ouverte à la ville de Grenoble et à la préfecture de l'Isère, les habitants du quartier Saint-Bruno rencontraient des élus, mercredi 11 décembre. Une déambulation nocturne pour montrer l'étendue des nuisances qu'ils dénoncent.
Dans la nuit grenobloise, un petit groupe fend l'obscurité, place Saint-Bruno. "On va sortir de ce côté, parce que là-bas, il y a le point de deal. Pour éviter de prendre une balle, c'est plutôt par là-bas", sourit jaune le guide de la soirée. Bonnet orange enfoncé sur la tête, il est un des commerçants du quartier Saint-Bruno à Grenoble.
Avec quelques homologues et des habitants, ils organisaient, ce mercredi 11 décembre, une déambulation avec des élus municipaux et métropolitains. Cette mobilisation n'est pas la première. Elle vise à dénoncer l'insécurité, que les riverains jugent grandissante, dans ce quartier désormais plaque tournante du trafic de stupéfiants.
Une lettre ouverte en "dernier recours"
Deux jours plus tôt, la ville de Grenoble et la préfecture e l'Isère ont reçu une lettre ouverte de la part d'un collectif d'habitants. Une lettre "en dernier recours" dans laquelle ces derniers énumèrent les problèmes du quotidien : tirs en pleine journée, attitudes menaçantes, barrages improvisés par les dealers à l'aide de poubelles. "Ces faits, largement documentés, traduisent un abandon manifeste des pouvoirs publics", dénoncent-ils.
Parmi les promeneurs du soir, Olivier Bertrand, adjoint au maire (Les Ecologistes) de Grenoble en charge du secteur. Il entend montrer aux habitants ce que les services municipaux réalisent ici, quotidiennement. "C'est un travail qui est considérable mais qui est difficile à montrer aux habitants parce que c'est un travail du quotidien, assure l'élu. C'est un travail de Sisyphe : il faut revenir régulièrement pour la propreté, pour les espaces verts. Et en plus sur un espace qui est aujourd'hui gangrené par le narcotrafic."
Un travail de Sisyphe
Pendant plusieurs heures, la déambulation mène les élus de problème en problème. Ici, un parc à chiens proche du collège dans un état avancé de saleté. Là, une rue particulièrement bruyante la nuit. Au milieu, la place Saint-Bruno, cœur du réacteur d'un quartier livré au trafic. En réaction, les élus de la ville et de la métropole tentent de vanter le travail effectué par leurs services. Mais ce n'est pas assez pour convaincre.
"On demande des solutions pérennes. Effectivement, les interventions ponctuelles ont un intérêt. Dans le cas d'aujourd'hui, ça permet d'avoir une place propre. Mais dès demain, les dégradations vont recommencer, déplore un habitant du quartier. S'il n'y a pas une présence régulière, on n'arrivera pas à avoir un résultat satisfaisant. Il en va de même pour la propreté et d'autres problèmes qu'on a fait remonter dans le cadre de l'interpellation citoyenne".
Opération de communication ?
"Ce qu'on veut, ce sont des solutions concrètes", demande une dame, qui déplore ses signalements restés vains depuis 2020 quant aux nuisances sonores nocturnes sur le cours Berriat. "Je n'ai pas dormi depuis quatre jours", affirme-t-elle pour montrer l'étendue du problème.
Un autre riverain s'impatiente : "Vous faites une opération de communication ce soir, rien ne se passe le reste du temps". Dans ce quartier de Grenoble, des mesures d'urgence sont maintenant réclamées par les habitants. Reste à savoir si leurs demandes ont été entendues.