Des habitants et des commerçants du quartier Saint-Bruno, à Grenoble (Isère), se sont réunis ce samedi 23 novembre à l'appel d'un collectif pour exiger davantage de sécurité. Ce quartier, proche du centre-ville, a été le lieu de plusieurs fusillades ces dernières semaines, sur fond de trafic de drogue.
Face à "la montée des violences et à l'insécurité croissante liées au trafic de drogue dans le quartier Saint-Bruno à Grenoble", un rassemblement a été organisé, ce samedi 23 novembre, sur cette place de la capitale des Alpes, située près de la gare et du centre-ville.
Près d'une centaine d'habitants, de commerçants et de riverains se sont retrouvés, à l'initiative du "collectif Saint-Bruno" pour exiger "l'arrêt immédiat des violences" avec "un plan d'action structuré et concerté impliquant la préfecture, le procureur et la municipalité".
"Ça s'est beaucoup dégradé rapidement, raconte Christine, une riveraine témoin des vagues de violences qui submergent le quartier depuis de nombreux mois. Pendant des années, je n'ai pas eu de problème, c'est récent."
"La vie est assez joyeuse à Saint-Bruno, normalement. Il y a pas mal d'activités, des commerces, des gens très différents. C'est une vie que j'aime bien. Mais les tirs récents mettent en peur le quartier", explique Emilie, mère d'un enfant scolarisé à proximité. "On a eu un mot dans le carnet pour nous dire qu'en cas de sortie scolaire, les enfants prendront un arrêt de tram différent. Ce sont des choses qu'il faut savoir expliquer aux enfants."
Mi-novembre, des enfants de l'école Anthoard n'ont pu sortir de leur établissement qu'accompagnés d'adultes et des sorties scolaires ont été annulées, selon le collectif. Les commerçants sont également inquiets : "Ça fait trois ans qu'on constate une dégradation de la situation, avec des violences et des fusillades. En tant que commerçant, on voit ça au quotidien. C'est extrêmement pénible et stressant", témoigne Olivier, restaurateur.
Un échec de la politique publique ?
"On comprend l'exaspération des habitants. Ils sont inquiets devant l'augmentation des violences sur la place Saint-Bruno. Cette situation est intolérable. En tant qu'élu, on se doit d'être en empathie avec ces habitants. C'est le minimum", raconte Olivier Bertrand, maire adjoint du secteur.
Pour l'élu, l'insécurité du quartier est due au manque d'actions de l'État, "dont la fonction régalienne est d'assurer la sécurité des citoyens" : "La politique qui est menée à Grenoble, comme ailleurs en France, ne rencontre pas de résultats. Il y a de plus en plus de violences liées au narcotrafic dans les grandes villes françaises."
Dans un deuxième temps, le collectif exige, entre autres, "un diagnostic approfondi du quartier pour identifier les causes profondes de cette insécurité et proposer des solutions adaptées" ainsi que"le réaménagement de la place Saint-Bruno".
"Guerre des gangs"
Le quartier de Saint-Bruno est fréquemment le théâtre de règlements de compte liés au trafic de drogue. Ces dernières semaines ont été marquées par plusieurs fusillades et tentatives d'intimidation entre gangs. Vendredi 15 novembre dernier, des coups de feu ont été échangés "entre plusieurs individus à bord d'une voiture et d'un deux-roues", selon le parquet de Grenoble.
Aucune victime, ni trace de sang n'a été constatée par les policiers à leur arrivée sur place. Mais plusieurs étuis de munitions de calibre 9 mm ont été retrouvés. Les circonstances de ces coups de feu demeurent inconnues.
Depuis le début de l'année, la métropole de Grenoble connaît un regain de tensions, les autorités judiciaires n'hésitant plus à parler de "guerre des gangs". Selon le parquet, une cinquantaine de fusillades sont survenues depuis le début de l'année dans la métropole grenobloise, dont une vingtaine de faits de violence liés au narcotrafic.