Depuis plusieurs jours, la polémique enfle : Eric Piolle, maire de Grenoble, a-t-il "violemment" bousculé sa concurrente aux primaires EELV Sandrine Rousseau lors des journées d’été du parti, à Poitiers ? Un article du Canard enchaîné affirme que oui. Nos reporters n'ont pas vu la même chose.
"Pure invention" comme l’affirment les proches d’Eric Piolle ? Ou "bousculade violente" comme l’a soutenu, avant de se rétracter, Sandrine Rousseau ? Depuis plusieurs jours, l'affaire est largement commentée sur Internet et dans la presse. La première salve est partie d’un article du Figaro dans lequel, vendredi 20 août en début de soirée, Sandrine Rousseau dit avoir été "violemment" bousculée par Eric Piolle. Des propos que la candidate nuancera d’ailleurs, elle-même, quelques heures plus tard sur Twitter : "Ce n’était pas une invention, ce n’était pas très violent".
Le clan Piolle, lui, dément depuis le début, soutenu d’ailleurs par le patron d’Europe-Ecologie, Julien Bayou, qui explique dans le Canard enchaîné : "Eric n’a pas bousculé Sandrine, c’est un mensonge, c’est grave". Et c’est justement le Canard enchaîné qui relance la polémique avec un article publié ce mercredi. En quelques lignes, la journaliste explique : "Il se trouve que l’envoyée spéciale du Canard était présente lors de cet incident. Certes, aucun pugilat n’a eu lieu. Mais la collision était bien réelle".
Et notre consoeur de détailler le contexte exact de cette bousculade : "Vers 10h 30, Sandrine Rousseau, première candidate arrivée sur le site, répond aux questions de France Info qui lui tend le micro. Un ancien élu EELV joue le rôle d’ange gardien. Quand Eric Piolle, entouré d’une nuée de journalistes, déboule à vive allure dans l’allée centrale, personne dans le groupe Rousseau ne le voit arriver. Les deux rangées de photographes qui marchent à reculons à ses côtés ne réalisent pas non plus qu’ils vont piétiner la candidate Rousseau. Il s’en faut de peu qu’elle ne soit écrasée. Le reste du groupe, lui, ne peut éviter la collision".
Or, ce jour-là, à cette heure-là (le jeudi 19 août vers 10h 30), une caméra de France 3 Alpes suit justement, depuis tôt le matin, le maire de Grenoble qui vient alors d’arriver Parc de Blossac, le site des journées d’été d’EELV. Notre camérawoman a une mission, simple : tourner, en longueur, "ne pas lâcher" Eric Piolle. Et ses images ne montrent pas la scène décrite par le Canard enchaîné.
Pas d'image de la "bousculade"
Certes, Eric Piolle est très entouré. Les journalistes sont nombreux : CNews, Europe 1, France 3 Alpes et plusieurs photographes notamment. Comme à chaque fois lors de ce genre d’événement, les journalistes jouent un peu des coudes pour avoir la meilleure place, le meilleur angle. Rien de bien méchant. Que du classique, en somme. Notre camérawoman, elle, fait le choix de prendre un peu de distance pour filmer la scène dans son ensemble. Le petit cortège avance, mais pas spécialement vite. D’ailleurs, Eric Piolle s’arrête parfois pour saluer quelques camarades d’un « check » du poing.
Lorsque le maire de Grenoble aperçoit, de dos, Sandrine Rousseau, il semble même ralentir. Puis s’approche d’elle pour la saluer. La candidate, très entourée et un peu en retrait de la trajectoire d’Eric Piolle, interrompt d’ailleurs brièvement son interview avec France Info pour répondre au maire de Grenoble. Un sourire est échangé, avant que Sandrine Rousseau ne reprenne le cours de son entretien, tandis qu’Eric Piolle s’éloigne, les caméras à sa suite. En aucun cas, notre équipe présente sur place n’a constaté une quelconque bousculade.
Contactée, la mairie de Grenoble affirme que d’autres vidéos arrivent à la même conclusion, comme celle-ci, repérée sur Youtube et utilisée par Julien Bayou, dans un mail adressé au bureau fédéral pour dédouaner Eric Piolle.
Si une bousculade a eu lieu, elle s’est donc forcément déroulée hors du champ de notre caméra, qui a pourtant suivi Eric Piolle toute la matinée. Si d'autres vidéos existent et prouvent la bousculade, la rédaction de France 3 est bien sûr prête à les visionner.