Eric Piolle et Yannick Jadot aux journées d'été d'EELV : deux candidats, deux styles

Un meeting présidentiel avant l'heure pour l'un, un exposé méthodique et introspectif pour l'autre, l'opposition de style entre les deux favoris à la primaire écologiste, Yannick Jadot et Eric Piolle, a éclaté ce jeudi 19 août sur la grande scène des Journées d'été des écologistes à Poitiers.

Hasard du tirage au sort, les rendez-vous "cartes blanches" accordés aux deux candidats les plus médiatiques de la primaire de septembre se sont succédé dans la soirée.

Sous un soleil de plomb, le maire de Grenoble Eric Piolle a ouvert le bal en livrant un discours tourné vers son parcours, ses méthodes et les raisons qui l'ont poussé, voici quatre ans, à se lancer dans la construction de sa candidature à l'Elysée en 2022. 

En bon "ingénieur qui a l'habitude de construire des stratégies et de les rendre lisibles", il a vanté les nombreux déplacements effectués depuis un an pour tisser ses réseaux militants parmi les sphères politiques, associatives et intellectuelles. 

Symbole de cette organisation au cordeau, les "Jeunes pour Piolle", repérables à leurs pancartes "JPP: j'en peux plus de la fonte des glaces", étaient savamment dispersés parmi le millier de personnes installé dans l'amphithéâtre. 

 

"Je n'ai pas le melon, j'ai la pêche"

Après avoir pleuré à deux reprises lors de son discours la veille face à ses soutiens, Eric Piolle a continué jeudi de creuser le sillon intime, modeste et introspectif. "Je tire mon énergie du contact avec les gens. Vous ne me verrez jamais enflammer 10.000 personnes avec un discours d'une heure et demie, je ne suis pas de ce charisme-là. Mais je peux travailler longtemps, très longtemps, sans taper dans le rouge. (...) Je me suis entraîné, je sais que je peux durer. Je me suis fixé un cap, jusqu'en 2032 mon projet de vie c'est ça". 

2032, c'est-à-dire la fin de son deuxième mandat de président de la République s'il était désigné par les écologistes comme candidat puis par les Français comme chef de l'Etat en avril 2022, un aveu caractéristique de l'ambition assumée de ce "Basquo-Béarnais". 

Après un discours d'une demi-heure, il a laissé la même durée pour les questions du public, affirmant les préférer à "un discours castriste de deux heures". 

Interpellé par une militante sur son titre de "Melon d'Or" décerné par le Canard enchaîné, il a choisi l'humour. "Je n'ai pas le melon, j'ai la pêche, et comme on nous traite souvent de pastèques, ça fera trois, vous me trouvez encore deux fruits et légumes et ça fera les cinq fruits et légumes par jour.”

Dans son édition du 11 août, le journal satirique avait attribué “sans la moindre hésitation” le “melon d’or” au maire de Grenoble pour ses déclarations au Journal du dimanche depuis son lieu de vacances à la Rochelle le 8 août.

Éric Piolle avait confié au JDD, “en toute simplicité”, ironise le Canard Enchainé: “J’ai l’expérience de la victoire et de l’exercice du pouvoir. Je suis le centre de gravité, au cœur d’un arc humaniste allant de Matthieu Orphelin à la France insoumise”.

 

 

L'harmonie des humains avec la nature, c'est ça l'écologie, c'est une vision positive de la société et de la personne humaine." 

L'intervention de Yannick Jadot, arrivé sur la reprise d'"It's a wonderful world" par les Ramones, a tranché sur la forme. L'eurodéputé, plus aguerri à la scène nationale après son succès en tant que tête de liste aux élections européennes de 2019, a utilisé l'essentiel de son temps imparti à un discours aux allures de meeting présidentiel. 

Il a semblé donner des gages aux militants les plus exigeants sur le social et le sociétal en parlant longuement de l'accueil des réfugiés afghans, de la "régression macroniste" et libérale, de la légalisation du cannabis et du renforcement de l'Etat-providence. 

Et il a expliqué sa décision, brocardée chez EELV, de participer à la manifestation des policiers devant l'Assemblée nationale au printemps dernier. "Je sais que nombre d'entre vous ont été choqués par ma présence. Cette manifestation n'était pas confortable, mais fondamentalement je ne regrette pas ma décision. Si nous voulons gouverner il n'y aura pas de confort. Les policiers que j'ai rencontrés m'ont dit: "Ne nous laissez pas seuls avec le RN"." 

De sa voix puissante, contrastant avec le ton posé d'Eric Piolle, Yannick Jadot a aussi réalisé quelques envolées lyriques: "N'oublions pas que nous défendons le beau en chacun de nous, dans la nature, l'harmonie des humains avec la nature, c'est ça l'écologie, c'est une vision positive de la société et de la personne humaine." 

A l'applaudimètre et au remplissage de l'amphithéâtre, impossible de départager les deux hommes. Ce vendredi 20 août, c'est en outsiders que l'ex-numéro 2 d'EELV Sandrine Rousseau, l'entrepreneur Jean-Marc Governatori et la députée Delphine Batho s'avanceront sur la scène.

 

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