Au sein du large entourage que s'est constitué le candidat à la primaire d'EELV Eric Piolle, Arun Chaudhary détonne. Vidéaste pour Obama jusqu'au sein de la Maison blanche puis consultant de Bernie Sanders, il conseille et forme l'équipe de campagne du maire de Grenoble.
Cheveux poivre et sel en bataille, visage affable, tenue vestimentaire décontractée, Arun Chaudhary a assisté aux performances d'Eric Piolle aux Journées d'été écologistes à Poitiers, d'abord devant ses soutiens mercredi puis sur la scène principale jeudi. Avant de repartir vendredi à Berlin où l'Américain de 47 ans a emménagé avec sa famille il y a quelques mois pour approfondir son travail en Europe et fuir les insuffisances de l'administration Trump dans la lutte contre la pandémie.
L'homme qui murmure à l'oreille de Piolle
Arun Chaudhary a joué un rôle particulier dans le discours introspectif de jeudi, se voulant humble et largement structuré par les questions avec le public, loin du meeting plus traditionnel donné ensuite par Yannick Jadot. "Je n'ai pas participé à son ébauche directement mais mon rôle, depuis le début de ma mission, est de parler avec lui de la manière de se raconter", confie l'éminence grise.
Arun Chaudhary apporte son expérience des réussites des campagnes des démocrates Barack Obama en 2008 et Bernie Sanders en 2016 - qui n'a pas gagné la primaire face à Joe Biden mais a beaucoup influencé le débat de la gauche américaine.
Quand ils se sont rencontrés au cours d'une conférence Zoom, "Arun a tout de suite intéressé Eric sur la façon de parler aux dégoûtés de la politique", raconte Enzo Lesourt, fidèle lieutenant d'Eric Piolle. "Ils tiennent tous les deux à ce que les campagnes soient radicales sur le fond et enthousiastes sur la forme", ajoute-t-il.
Le narrateur
Son principe cardinal est de lier le candidat à un récit qui correspond à la fois à ses forces et aux attentes d'un électorat de plus en plus désabusé de la politique. "Je dis toujours aux militants qu'ils ne sont pas des gens normaux, car ils s'intéressent à la politique", s'amuse-t-il. "Le candidat doit d'abord être le narrateur de sa propre histoire. Les questions-réponses permettent ensuite de se rapprocher des électeurs qui peuvent raconter leurs problèmes". Ainsi, argumente-t-il, Obama a gagné parce qu'il a réussi à raconter le parcours familial qui lui a permis de devenir le premier président noir des Etats-Unis. Le récit d'Eric Piolle doit selon lui faire la promotion d'un ingénieur devenu maire qui a l'habitude de prendre des décisions concrétisant des valeurs. A Grenoble puis dans la primaire et peut-être à la présidentielle, "Eric Piolle incarne la coalition qu'il a construite entre la gauche des mouvements citoyens et la gauche traditionnelle", résume-t-il.
En juillet, puis en début de semaine au cours de "Summer camps", Arun Chaudhary a formé les 300 personnes de l'équipe opérationnelle d'Eric Piolle, dont de nombreux bénévoles. Il a notamment insisté sur le travail en vidéo et sur les réseaux sociaux, pour lequel il faut à ses yeux montrer les coulisses de la politique afin de la rendre plus humaine.
Une éventuelle campagne présidentielle d'Eric Piolle suivrait les mêmes préceptes. "Sa primaire est conçue comme une démonstration de ce qu'il fera pour la présidentielle", assure le conseiller.