Des rues quasi-désertes, un calme irréel... Le paysage de toutes les villes de France est complètement chamboulé depuis la mise en place du confinement. Pour s'en rendre compte, l'un de nos journalistes a roulé à scooter dans les rues de Grenoble.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours roulé à deux roues. De jour, de nuit, sous la pluie, avec la canicule, et à Grenoble même sous la neige. Een 40 ans d’expérience, je crois que j’ai dû "goûter" à toutes les conditions disponibles dans la vie classique d’un motard ou d’un scootériste.
Enfin ça, c’est ce que je croyais jusqu’à présent, jusqu’à ce mois de mars 2020, et à partir du jour où le confinement a été décidé.
Car depuis tout à changé, tout a été impacté, la circulation n’y a pas échappé. Et là, je découvre une sensation très étrange, j’emprunte les mêmes trajets que d’habitude et pourtant j’ai le sentiment incroyable de ne pas prendre les mêmes rues. Là ou le flux des véhicules s’écoulait sans discontinuer à longueur de journée, il n’y a désormais plus personne, ou presque.
Pleine de vide
"Pleine de vide", c’était une expression, une image, que j’adorais employer quand j’étais gamin. C’est devenu très concret aujourd’hui. Les rues de Grenoble sont pleines de vide. Du coup, je n’ai jamais eu autant l’occasion de regarder, en me déplaçant à scooter, les immeubles et les devantures des commerces.
D’habitude, j’ai les yeux rivés sur la circulation, histoire de ne pas me laisser surprendre. Là j’ai plus de temps pour balayer l’horizon. L’absence de circulation m’a aussi permis de prendre plus conscience de la grandeur de certains carrefours, de la largeur des différents axes, et tout me parait tellement plus spacieux, aéré !
Enfin, et je dois avouer que c’est une grande et bonne surprise, ces rues vides qui font ressembler Grenoble à une ville fantôme, ne m’ont pas donné une furieuse envie d’en profiter pour rouler "plus vite", au contraire. Ce vide et le calme qui l’accompagne m’ont plutôt conduit à rouler "pépère", et je ne suis pas le seul car le peu de voitures que j’ai pu croiser respectaient aussi les limitations de vitesse.
Des rues dégagées, une circulation sans bouchon, finalement c’est la version la plus cool que j’ai eu à vivre en deux roues. Mais je ne vous le cache pas : vivement que revienne l’agitation des transports, les deux ou trois coups de klaxons qui les accompagnent… ça sera la preuve que tout est rentré dans l’ordre.