D'abord de simples abris réservés aux aventuriers, les refuges sont devenus, pour certains, de véritables hôtels d'altitude. Dans sa nouvelle exposition, le musée Dauphinois de Grenoble retrace plus de 200 ans d'histoire intime entre l'homme et la montagne.
De l'abri de fortune au tourisme d'altitude, le refuge est le témoin de l'évolution de notre pratique de la montagne. Cette riche histoire, le musée Dauphinois de Grenoble la retranscrit jusqu'au 21 juin dans son exposition "Refuges alpins".
Pour se protéger de l'orage, les pionniers de l'alpinisme utilisaient des abris sommaires. Ils se réfugiaient sous la roche, ou dans une cabane de berger. A l'époque, point de refuge. Mais en 1853, les guides de Chamonix (Haute-Savoie) construisent la cabane des Grands Mulets. "On commence à vouloir construire les premiers abris sur des passages de courses pour aller toujours plus haut", explique Agnès Jonquères, commissaire de l'exposition au musée Dauphinois.
Ambiance à part
Les refuges-pionniers font corps avec la montagne. Ils sont posés sur les points stratégiques des itinéraires.
Comme le refuge de l'Aigle, blotti au pied de la Meije dans le bassin de l'Oisans (Isère). L'ancien refuge a été reconstitué au musée Dauphinois, exprès pour cette exposition.
"Certes, c'est spartiate. Il y avait de la paille, des couvertures, on dormait tous ensemble, on mangeait ensemble aussi, reprend la commissaire de l'exposition. Mais cette ambiance est celle que tous les alpinistes veulent retrouver, y compris aujourd'hui quand ils vont dans un refuge."
De simples escales vers le sommet, le refuge devient, au XXe siècle, un but d'excursion à part entière. Avec l'apparition de l'hélicoptère, il s'agrandit, se modernise, s'ouvre aux non-initiés, aux promeneurs du dimanche. Depuis, certains sont même devenus de véritables hôtels d'altitude. Comment concilier les attentes du grand public et la protection de la nature ? Comment s'adapter aux enjeux climatiques ? Voilà les défis des refuges à l'heure du réchauffement de la planète, dont les Alpes souffrent tout particulièrement.