INSOLITE. Après la Première Guerre mondiale, ce poilu laissé pour mort subit 17 opérations et remonte sur le ring

Quel est le point commun entre le boxeur Eugène Criqui, l’aviatrice Marie Marvingt, l’escrimeur Eugène-Henri Gravelotte et l’aviateur Roland Garros ? À Verdun, découvrez ces femmes et ces hommes qui ont accompli le double exploit d’être à la fois de grands champions sportifs et des héros de guerre. Une exposition et un livre immanquables, à l'approche des JO de Paris 2024.

Comme moins de cent personnes dans l’histoire de France, le boxeur Eugène Criqui, le nageur Henri Decoin, l’aviatrice Maryse Bastié, l'escrimeur Eugène-Henri Gravelotte, le cycliste Octave Lapize, le cavalier Guy Lefrant ou encore l’aviateur Roland Garros ont une rare similarité. Ces femmes et ces hommes, grands champions sportifs, sont aussi des héros de guerre. Une exposition nationale itinérante et un ouvrage sur le sujet, imaginés sous la direction de l'écrivain et historien du sport Michel Merckel, sont à découvrir jusqu’à la fin du mois d'août à la citadelle souterraine de Verdun (Meuse).

À l’origine de ce titanesque et passionnant travail de recherche, un ancien membre de l'équipe de France de judo, ex-professeur d'éducation physique et petit-fils de poilu, Michel Merckel. "Il y a des sportifs que j’aurais adoré mettre dans le livre et l’exposition mais ils n’avaient pas la croix de guerre. Certains, à l’inverse, avaient la croix de guerre et étaient de bons sportifs, mais pas de grands champions", sourit avec bienveillance ce passionné de sport, de culture et d’histoire. À peine arrivés sur le lieu de l'exposition, nous nous laissons embarquer par les portraits captivants de ces personnalités exceptionnelles.

Pendant la terrible bataille des Éparges, en 1915, le jeune boxeur se prend une balle en pleine tête, sa figure explose

Michel Merckel, écrivain et historien du sport

Et s’il ne fallait citer qu’un seul champion sportif et héros de guerre ? "C’est une torture de devoir les départager mais je crois que j’ai une tendresse particulière pour Eugène Criqui (1893-1977)", avoue Michel Merkel. "Eugène, c’est un simple prolo, à 10 ans il travaille en usine, mais c’est un excellent boxeur, un teigneux. Puis la Première Guerre mondiale commence, il se retrouve au combat. Pendant la terrible bataille des Éparges, en 1915, le jeune boxeur se prend une balle en pleine tête, sa figure explose. Il subira alors toute une série d’opérations, 17 au total, pour tenter de consolider sa mâchoire. Avec sa gueule cassée, il décide contre vents et marées de remonter sur le ring. Il va même remporter titre de champion du monde poids plume en boxe anglaise à New York", détaille l’historien du sport.

Nous avons insisté pour accueillir cette exposition ici car nous sommes dans un lieu de mémoire

Jean-François Thomas, président de l’office de tourisme du Grand Verdun

Ce livre et cette exposition hommage organisée par l’association nationale des croix de guerre et de la valeur militaire (ANCGVM) sous la direction de Michel Merckel résonnent d’autant plus à l’approche des JO. "Nous avons insisté pour accueillir cette exposition ici car nous sommes dans un lieu de mémoire. La citadelle souterraine de Verdun a été inaugurée il y a trois ans, c’est un lieu d’Histoire. En parallèle, les Jeux olympiques se déroulent cet été en France, la flamme olympique est d’ailleurs passée le 29 juin à Verdun", souligne Jean-François Thomas, le président de l’office de tourisme du Grand Verdun.

Cette exposition nationale itinérante qui prend tout son sens ici à Verdun, un territoire à jamais marqué par la Grande Guerre, est à découvrir jusqu’au 31 août à la salle Auguste Thin de la citadelle souterraine (entrée libre et gratuite). Le "Livre Mémorial" en hommage à Eugène Criqui et aux autres grands sportifs et sportives décorés de la croix de guerre ou de la valeur militaire est également en vente sur place.