En 2019, 2,6 millions de vélos ont été vendus en France. Parmi eux, beaucoup de vélos bons marchés proviennent d’Asie. Mais une nouvelle tendance se dégage : celle des vélos artisanaux. En Isère, une petite dizaine de fabricants se sont spécialisés dans la fabrication de vélos sur mesure.
Il faut patienter entre 5 et 6 mois pour acquérir l’un des vélos de Fabien Bonnet.
Dans son petit atelier, situé près du parc Georges Pompidou à Grenoble, chaque modèle est fabriqué sur mesure en fonction de la morphologie du client.
Ancien physicien, Fabien s’est reconverti il y a six ans lorsqu’il a racheté les Cycles Cattin, fabricant de deux-roues depuis 1955. L'entreprise est désormais spécialisée dans les vélos de voyage, demandés par les amateurs de parcours longue-distance.
Seuls une trentaine de modèles sortent de cet atelier chaque année. "Sur ce vélo par exemple, on va adapter la géométrie et les points d’appuis comme la selle, les pédales et le cintre en fonction de l’étude posturale du client" précise le gérant.
La fin de la standardisation ?
Jusque dans les années 80, les vélos sur mesure étaient courants en France. Mais avec la mondialisation, beaucoup de fabricants ont délocalisé la production en Chine. Ce qui a provoqué la disparition de la plupart des artisans et l'uniformisation des modèles de vente.
Or, depuis une dizaine d’années, la tendance s’inverse. De plus en plus de passionnés préfèrent s’offrir un vélo artisanal et made in France, plutôt qu’un modèle importé d’Asie que l’on trouve dans tous les magasins de sports.
Ceux de Fabien coûtent en moyenne 3500 euros. Mais à ce prix, tout est personnalisé : même le cadre en acier fabriqué au sous-sol du magasin. "Le revers de la médaille de la mondialisation, c’est une très grande standardisation où on est écrasé par le marketing, analyse Fabien Bonnet. Tandis que nous, on propose une alternative aux gens dans la façon de concevoir un vélo".
Des vélos artisanaux et écolos
Quartier Saint-Laurent, toujours à Grenoble, la boutique Vélos Papillon propose elle aussi des vélos de voyage artisanaux.
Ancien ingénieur, Benjamin Claudel s’est lancé dans ce projet il y a un an. Sauf que lui ne fabrique pas ses cadres : il les achète d’occasion sur des sites de petites annonces ou dans des brocantes. "Celui-là, par exemple, c’est un vieux cadre Peugeot, explique-il en attrapant un cadre en acier suspendu au plafond. Je l’ai acheté à une dame qui voulait s’en séparer et qui n’en faisait plus rien. Je me suis dit que c’était parfait pour ce que je voulais faire, c’est un bon acier léger qui attend de trouver son propriétaire".
Fidèle à ses valeurs écologiques, il a déjà ré-assemblé plus de 20 vélos à partir de pièces de récupération. Là aussi, tout est adapté en fonction de la morphologie et des demandes du client. "En France, il y a une demande croissante pour le vélo artisanal, ajoute Benjamin. Il y a plein de passionnés qui ont envie de répondre à cette demande et d’offrir aux clients la possibilité d’avoir un bel objet fabriqué sur mesure et localement".
Composé en partie de pièces d’occasion, les vélos de Benjamin coûtent environ 2000 euros. Le prix à payer pour pédaler jusqu’au bout du monde en toute sérénité.