La mort d'un cycliste de 27 ans à Paris, renversé par un automobiliste après un différend, remet en lumière le difficile partage de la route. Une cohabitation qui a encore du mal à entrer dans les mœurs, chacun se rejetant la faute.
En 2023, 226 cyclistes ont trouvé la mort sur la route. Et cela fait trois années de suite que les 200 morts à vélo sont atteints sur les routes de France. Les nouvelles mobilités sont en plein boom depuis quelques années. Le vélo, en tête. Chaque année, l'association Axa Prévention étudie les comportements des usagers de la route. De son baromètre 2024, il ressort que le partage de la route reste difficile.
Un sentiment d'insécurité grandissant
"On assiste depuis plusieurs années à un boom des nouvelles mobilités, qui demande qu’on revoie complètement le partage de la route pour inclure tout le monde", confirme Clotilde du Fretay, la secrétaire générale d'Axa Prévention. "Et inclure notamment les plus vulnérables : les piétons, trottinettes et vélos, qui eux n'ont pas de carrosserie et peuvent être victimes d'accidents particulièrement graves".
Selon le baromètre 2024 de l'association, qui étudie les comportements au volant et les risques routiers, motards, cyclistes, usagers de la trottinette et piétons font état d’un sentiment d’insécurité grandissant. 50% d'entre eux sont concernés par ce ressenti négatif.
👀🚦 L’association @AXAprevention vient de dévoiler sa 20e édition du Baromètre sur le comportement des Français au volant.
— AXA France (@AXAFrance) October 1, 2024
📱 Sans surprise, l’usage du smartphone s’impose comme le défi majeur de ces prochaines années. Décryptage ⤵️
Empiéter sur la route des autres ou sur le trottoir, ne pas indiquer les changements de direction, s'énerver et insulter les autres usagers et les excès de vitesse sont les principales sources d'insécurité citées. L’ensemble des personnes interrogées dans le cadre de l’étude désignent les trottinettistes comme les usagers de la route les plus dangereux. Et tous pensent que les automobilistes roulent plus dangereusement qu’il y a 20 ans.
Le long chemin du changement
Le port de la ceinture de sécurité, l'alcoolémie au volant, les grands excès de vitesse... En 20 ans, les Français ont abandonné ces mauvaises habitudes. Mais pour juguler ces comportements très risqués au volant, il aura fallu une dizaine d'années, souligne la secrétaire générale de l'association Axa Prévention.
Un exemple : "depuis 2017, on a toujours sept Français sur dix qui disent en pas respecter les 30 km/h en ville. Et cela n'évolue pas. Ça fait partie des petits arrangements avec le code de la route, de la petite prise de risque du quotidien", selon Clotide du Fretay.
Accident cycliste ce matin bld des Récollets #Toulouse.
— GregToulous1 (@GregToulous1) September 19, 2024
Trop de flux et conflits d'usages sur si peu d'espace laissé aux modes doux (quand il y en a). Tous les jours des presque accidents.@2Pieds2Roues @dunaljonnhy @MaximeBoyer31 pic.twitter.com/WRD4tbVctW
Le partage de la route, la cohabitation entre tous les usagers de la route, c'est un défi majeur. Cela passe par des aménagements et des infrastructures adaptées, comme les pistes cyclables et les zones piétonnes pour sécuriser les plus vulnérables. Autre défi : inciter au respect mutuel et en appeler à la responsabilité de chacun lors de la prévention.
Motards, cyclistes, piétons se sentent majoritairement vulnérables sur la route. Mais ils ont aussi tendance à rejeter l'origine de cette perception sur les autres usagers, sans pour autant se remettre en question, relève l'association Axa Prévention.
(Propos recueillis par Karine Pellat)