Jusqu’au 9 décembre, une large consultation est ouverte pour définir les contours de la zone à faibles émissions à Grenoble. Un dispositif, destiné à réduire la pollution en centre-ville, qui divise la classe politique locale.
Les citoyens parviendront-ils à réconcilier les politiques ? La métropole a lancé, le 3 octobre dernier, une "grande concertation" pour définir les modalités de mise œuvre de la zone à faibles émissions (ZFE), supposée entrer en vigueur dans l’agglomération de Grenoble en juillet 2023. Ce dispositif, introduit par la loi "Climat et résilience", consiste à interdire progressivement la circulation des véhicules les plus polluants.
Ce questionnaire en ligne doit permettre, indique la métropole, "de trouver le juste équilibre entre l’efficacité de la ZFE sur la qualité de l’air, le maintien de l’accessibilité au territoire et la prise en compte des publics les plus vulnérables".
"L’objectif est de coller au plus près des contraintes et des besoins des gens", explique Pascal Clouaire, vice-président de Grenoble-Alpes Métropole chargé de la participation citoyenne.
Cinq questions sont soumises aux participants : "Pensez-vous que les restrictions de circulation doivent être permanentes ? Quelles situations pourraient justifier la mise en place de dérogations ? Quels axes routiers seront exemptés des restrictions de circulation ? Quels dispositifs d’accompagnement devraient être mis en place pour permettre à chacun de s’adapter à la ZFE ? Les deux-roues à moteurs les plus polluants doivent-ils être interdits ?"
Une bataille de légitimité
Derrière chacune de ces questions se retrouvent des sujets de tensions entre la ville et la métropole. "Une ZFE non permanente serait totalement inopérante et inefficace, prévient par exemple la municipalité de Grenoble dans un communiqué. Une ZFE uniquement en journée la semaine, comme ce qui semble envisagé, rend de facto impossible le contrôle des véhicules en stationnement le reste du temps."
La ville estime que seule une interdiction pure et simple de ces véhicules pourrait permettre des "verbalisations massives" : "À titre d’exemple, la ZFE s’appliquant aux professionnel-les (véhicules et poids lourds) a fait l’objet à Grenoble de 6 685 PV depuis 2019 dont 6 679 sur les véhicules garés soit 99,999 %."
Au-delà des clivages politiques, c’est une bataille de légitimité à laquelle se livrent la ville et la métropole. Afin d’asseoir ses arguments, la municipalité tente de faire valoir que près de la moitié des habitants de la ZFE réside à Grenoble. "En tant qu’élu à la santé, je suis inquiet, déclare à cet égard Pierre-André Juven, adjoint au maire. Chaque semaine, je vois le dispositif de ZFE que nous soutenons un peu plus déshabillé, repoussé, malgré le poids en nombre d’habitant-es que les villes les plus volontaires représentent."
De son côté, l’équipe de Christophe Ferrari souligne qu’un "tiers des actifs réalisant des déplacements dans la ZFE résident en dehors [du territoire de la collectivité Grenoble Alpes métropole, NDLR]" : "Tout le monde est concerné par l’instauration de la ZFE", conclut-elle.
Des aides "insuffisantes" pour l'opposition
Dès l’été prochain, les voitures classées Crit’air 5 seront interdites de circulation dans 13 communes de l’agglomération. D’ici juillet 2025, cette mesure s’étendra aux véhicules Crit’Air 3 et 4.
En tout, ce sont près de 39 000 véhicules qui devront être remplacés en trois ans. "La métropole a voté un fond d’aides de 3 millions d’euros pour aider les plus précaires, explique Nicolas Pinel, conseiller métropolitain de l'opposition (UDI). C’est largement insuffisant : cela fait 76 euros d’aide par véhicule. C’est juste ridicule."
La plateforme participative est ouverte jusqu’au 9 décembre. Mais il faudra atteindre le mois de juin 2023 pour découvrir les modalités d’application de cette nouvelle zone à faible émission.