Alors que Jean Castex doit s'exprimer ce dimanche soir sur la situation des commerces "non essentiels", les commerçants non sédentaires manifestent eux aussi leur colère. À Échirolles (Isère), ils étaient présents ce matin sur le marché malgré le décret présidentiel.
"On a des frais, on est des pères de famille, martèle Abdelhadi Tahar, Président de l'Association des Forains de l'Agglomération Grenobloise. On ne veut pas d'aide, ce qu'on veut c'est qu'on nous laisse travailler. Tout simplement." Ce dimanche matin sur le marché de la Ponatière, à Échirolles (Isère), les forains avaient garé leurs camions à leurs places habituelles mais personne n'a déballé, pour respecter le décret présidentiel. En effet, en raison du reconfinement, mis en place depuis vendredi dans toute la France pour enrayer la propagation du coronavirus, marchands de vêtements, de vaisselle, de tissus, etc. n'ont plus le droit de vendre.
Depuis quelques jours, ces forains manifestent eux aussi leur colère, tout comme les commerçants sédentaires dont l'activité est jugée non essentielle. Ils demandent l'autorisation de vendre leurs produits, ou bien que les rayons "non essentiels" des grandes surfaces ferment à leur tour. Marie Rueda, conseillère municipale déléguée aux commerces sédentaires et non sédentaires d'Échirolles les soutient. "Pour nous, les commerçants sédentaires comme non sédentaires, ce sont vraiment nos entreprises, notre vie. Les grandes surfaces restent ouvertes donc je comprends leur sentiment d'injustice", affirme-t-elle.
"Nous dénonçons fermement cette inégalité de traitement considérée comme une réelle discrimination, qui va entrainer nos TPE dans une précarité irréversible", déclarait hier Monique RUBIN, Présidente Fédération Nationale des Marchés de France, dans un communiqué relayé sur Facebook :
Un qualificatif jugé "réducteur"
D'autre part, ils n'acceptent pas le qualificatif qu'ils entendent dans les discours des politiques. "On vend des produits manufacturés mais pas "non essentiels". C'est un peu réducteur "non essentiel". Et c'est un peu vexant", regrette Dominique Boitel, commerçant non sédentaire.Sur le marché de la Ponatière, d'ordinaire très fréquenté, la majeure partie des produits vendus sont manufacturés. Ce dimanche, une fois les camions partis, il ne restait plus grand-monde sur le parking et les clients l'ont bien remarqué. "C'est un bon marché. Il y toujours du monde le dimanche matin et c'est vraiment dommage de le vois si triste", se désole une cliente.
Les élus d'Échirolles doivent aborder la question en conseil municipal et la Fédération nationale des marchés de France va, elle aussi, interpeller le gouvernement. Jean Castex parlera-t-il des commerçants non sédentaires dans son allocution ce soir ? En attendant, les forains ont prévu d'autres actions demain.
Retrouvez le reportage de Céline Aubert et Florine Ebbhah :