“Je ne mange pas le matin et je vis dans un débarras” : en grande précarité, des étudiants en mode "survie" face à l'inflation

La fédération des associations générales étudiantes (FAGE) vient de publier son baromètre annuel : le coût de la rentrée s'élève à 3157 euros, un chiffre en hausse de 2,79 % sur un an. À Grenoble, de nombreux étudiants ont bien du mal à joindre les deux bouts.

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Timothé vient d'arriver à Grenoble pour suivre des études de droit. Avec un budget de seulement 300 euros par mois, il n'a pas encore trouvé un logement. En attendant, il est hébergé dans l'appartement d'une amie. Une solution précaire.

"Ici c'est ma chambre, qui sert normalement de débarras, qui est juste sous les combles", soupire l'étudiant boursier. Il n'a pas pu avoir une chambre en cité universitaire du Crous. Difficile de commencer l'année sereinement dans de telles conditions.

"Des coûts, des coûts, des coûts"

"C'est une dose de stress qui s'ajoute déjà au stress de réussir ses études, arriver dans une nouvelle ville universitaire, rencontrer de nouvelles personnes. C'est un stress qui est immense d'avoir par-dessus ça le poids financier, souffle le jeune homme. On a l'impression d'être au pied du mur. Et en face de nous, des loyers, des abonnements trop chers. On a partout que des coûts, des coûts, des coûts."

"Je ne mange pas le matin, je vais midi et soir au Crous pour pouvoir bénéficier du repas à un euro, expose Timothé. Tout augmente. On se retrouve pris à la gorge."

À Grenoble, le coût moyen d'un loyer étudiant s'élève 473 euros par mois. Sur le campus universitaire, les syndicats étudiants voient le nombre d'étudiants en difficulté exploser.

"On constate une très forte augmentation du nombre d'étudiants en détresse, soit financière, soit liée aux frais d'inscription. Également sur le logement, c'est le gros poste problématique", avance Camille Pagiras, présidente de l'Union étudiante de Grenoble (UEG).

"On a environ une quarantaine d'étudiants qui viennent nous trouver tous les jours sur ces problématiques-là, là où les années précédentes c'était une petite dizaine."

1 110€ par mois

Autre préoccupation des étudiants, leur budget alimentation : 348 euros par mois en moyenne. Il est aussi en hausse. À l'épicerie solidaire du campus, les étudiants les plus précaires se pressent pour s'inscrire.

Une fois le loyer et les factures payées, certains n'ont plus les moyens de faire leurs courses. "Le budget 'courses' diminue chez les étudiants, qui vont privilégier la survie, quitte à mettre de côté les loisirs."

"Sur les inscriptions qu'on a fait lundi, on a eu 180 personnes qui sont venues, quasiment une centaine voire un peu plus avaient un reste à vivre négatif, explique Erna Lequeuche, responsable de l'épicerie solidaire Agorae. Sinon ce n’est pas au-dessus de dix ou douze euros."

Même si Grenoble ne fait pas partie des villes les plus chères pour les jeunes - l'Île-de-France occupe le haut du classement - le coût de la vie étudiante s'élève tout de même à 1 110 euros par mois.

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