"Les bergers emmerdent le Front national" : les gardiens de troupeaux descendent des montagnes pour manifester contre l'extrême droite

Les syndicats FNAF-CGT et SGT-CGT de gardiens de troupeaux appellent la profession à se mobiliser, jeudi 20 juin, contre le Rassemblement national, mais aussi le patronat. Ils craignent notamment que l'arrivée au pouvoir du parti d'extrême droite freine leurs négociations avec les éleveurs.

"Les bergers emmerdent le Front national" : le message est sans ambiguité et depuis quelques jours, il est placardé en montagne, sur plusieurs cabanes de bergers. A quelques jours du 1er tour des élections législatives, les gardiens de troupeaux se mobilisent contre l'extrême droite.

"On ne veut pas rester isolés du monde sur nos montagnes et passer à côté du combat." Comme nombre de ses pairs, Jeoffroy Moreaux, berger et membre du syndicat des gardiens de troupeaux de l'Isère (SGT-CGT), manifestera, le 20 juin prochain. La profession se réunit, à l'appel des syndicats FNAF-CGT et SGT-CGT, "contre le patronat et l'extrême droite à son service".

"La victoire du Rassemblement national aux élections européennes a été un accélérateur pour notre mobilisation. Si le parti arrive au pouvoir, ce sera encore pire pour nous", lâche le gardien de troupeaux. Sur les 130 bergers du département, 35 sont syndiqués. À l'échelle nationale, les syndicats espèrent "une, voire des centaines de gardiens et gardiennes mobilisés jeudi".

"Le RN, c'est le parti de la casse sociale"

Les organisations syndicales reprochent notamment au parti d'extrême droite de s'être opposé à plusieurs réformes à l'échelle nationale ou européenne. Pêle-mêle : un vote en défaveur de "la mise en place de salaires minimums en Europe", un vote contre "l'encadrement de la rémunération des stagiaires", un autre "contre l'augmentation du SMIC" en juillet 2022...

"Le RN, c’est le parti de la casse sociale, commente Jeoffroy Moreaux. Les négociations avec la FDSEA sont déjà très difficiles. Si l'extrême droite passe, nos employeurs auront un boulevard face à eux. Ça fait deux ans qu’on négocie pour nos conditions de travail."

Lors des mobilisations du monde agricole, en début d'année 2024, le SGT avait manifesté sa colère. En janvier, les ouvriers agricoles dénonçaient un mouvement de grogne, dans lequel ils restaient "ceux dont personne ne parle".

Jeudi 20 juin, les bergers défendront également leurs conditions de travail. Ils réclament entre autres la mise en place d'un "salaire minimum pour un berger débutant", précise le responsable syndical. "On a chiffré à en moyenne 1000 euros par saison les besoins en équipement d'un gardien de troupeaux : chaussures de pluie, habits de montagne, parapluie paratonnerre..."

De nombreuses revendications

Outre cette première demande, les syndicats revendiquent l'obtention d'une "prime de précarité pour tous les contrats saisonniers", une augmentation du nombre de "contrôles pour sanctionner les employeurs dans l'illégalité", "la fin du travail gratuit par la reconnaissance de la totalité des heures travaillées et des repos compensateurs pour tous les ouvriers agricoles", "la fin des logements insalubres et dangereux", "la priorité à l'embauche d'une saison à l'autre"...

"Il y a beaucoup de cas d’employeurs qui ne respectent pas le Code du travail, raconte Jeoffroy Moreaux. Certains ont parfois des attitudes humiliantes, voire violentes envers leurs salariés."

Le SGT estime à "cinq ans en moyenne" la carrière d'un berger. "Près de 70% des bergers démissionnent au bout de la première année." Les ouvriers agricoles sont invités à rejoindre les rangs des cortèges des organisations syndicales, mobilisées le 20 juin prochain contre l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite. "Pour ceux qui le peuvent, un grand rassemblement de la profession est prévu à Briançon (Hautes-Alpes)."

Pour les ouvriers qui ne pourraient pas se libérer, les organisations syndicales invitent à "disposer des messages à l'attention des touristes : indiquer nos positions politiques sur des panneaux, à l'image des pancartes informatives sur les patous".

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