Colère des agriculteurs : "La FNSEA et les grosses exploitations ne sont pas dans la souffrance", un syndicat de gardiens de troupeaux dénonce l'oubli des ouvriers agricoles

En pleine colère des agriculteurs, le syndicat CGT des gardiens de troupeaux de l'Isère dénonce un mouvement mené par des organisations "partisanes d'un système capitaliste". Un combat qui, selon l'organisation syndicale, oublie l'intérêt et l'apport des ouvriers agricoles.

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Le combat des agriculteurs s'intensifie jour après jour malgré la prise de parole du Premier ministre Gabriel Attal. Une lutte qui entend défendre l'intérêt des exploitants et leur offrir de meilleures conditions pour exercer leur activité. Mais dans cette mobilisation, une catégorie de population du monde agricole se sent oubliée : les ouvriers.

Dans un communiqué publié ce jeudi 25 janvier, le syndicat CGT des gardiens de troupeaux de l'Isère dénonce un mouvement de grogne où les ouvriers agricoles "restent ceux dont personne ne parle". 

Des métiers de l'ombre 

Après avoir difficilement acquis divers droits similaires aux autres salariés, selon le communiqué, les ouvriers agricoles poursuivent leur combat pour obtenir davantage de reconnaissance : "Nous permettons de faire vivre un secteur économique essentiel dans lequel le recours au salariat est de plus en plus répandu."

Majoritairement, ils sont saisonniers et participent aux récoltes de fruits, de légumes, ou bien conduisent des engins. Des métiers de l'ombre qui, aujourd'hui, demandent de l'aide pour sortir de la précarité. "Cela va dépendre des situations mais on a souvent des contrats de 44 heures voire 60 heures la semaine avec les dérogations. Soixante heures dans les vignes ou à ramasser des fruits ou des légumes, ce n'est pas supportable", s'alarme Jeoffroy Moreaux, berger et secrétaire du syndicat des gardiens de troupeaux de l'Isère.

Le syndicat demande ainsi de réduire la durée de travail à 35 heures "comme le reste des salariés", d'abaisser la retraite à 55 ans ou encore de revaloriser les salaires d'au moins 15 % : "Le salaire moyen est aujourd'hui au niveau du SMIC pour un saisonnier agricole", précise le berger.

Le minimum serait d'avoir des conditions de logement dignes. Aujourd'hui, on a des ouvriers agricoles qui dorment dans des caravanes, des cabanes sous la pluie ou sur des matelas à même le sol.

Jeoffroy Moreaux, secrétaire du syndicat des gardiens de troupeaux.

Au-delà du temps de travail et de la rémunération, le syndicat revendique de pouvoir loger ses ouvriers dans des conditions décentes. Jeoffrey Moreaux souhaite agir rapidement pour ne pas assister en Isère au même spectacle qu'en Champagne où les conditions d'hébergement sont accablantes.

"La FNSEA (syndicat majoritaire de la profession agricole, ndlr) se cache derrière le code rural qui permet. Aujourd'hui, il faudrait des logements qui répondent aux normes de bases : pouvoir se chauffer, se nourrir, avoir une literie..." affirme Jeoffroy Moreaux.

Des revendications que le syndicat ne retrouve pas dans le mouvement actuel porté par les agriculteurs. "On redoute que cela se fasse aux dépens des salariés agricoles. Par exemple, ce n'est pas en stoppant la hausse du GNR que cela va se régler", explique-t-il. 

Le syndicat des gardiens de troupeaux de l'Isère craint que la grogne des agriculteurs desservent aux ouvriers. "On comprend les petits et moyens agriculteurs. Mais leurs organisations syndicales comme la FNSEA et les gros agriculteurs ne sont pas dans la souffrance. Ils veulent seulement s'enrichir", confie Jeoffroy Moreaux.

Pour l'heure, aucun mouvement n'est prévu dans les Alpes du Nord mais le syndicat se réserve d'organiser une mobilisation dans les prochaines semaines.

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