Loup. Les récentes attaques présumées en Isère sont-elles liées au confinement ?

Ces dernières semaines en Isère, les attaques de loup présumées se sont multipliées, sur les hauts plateaux et en zone urbaine. Mais d'après les scientifiques, rien ne prouve que la présence moins forte de l'homme pendant le confinement soit en cause.

Ces derniers jours, trois communes de la Métropole grenobloise ont été concernées par des attaques possibles de loup. Dernières en date, chez un particulier à Claix dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 mais, et le vendredi 15 chez un éleveur au Gua. 

Dans le même secteur à Saint-Paul-de-Varces, jeudi 14 mai, les petits élèves et leurs parents ont eu une drôle de surprise alors qu'ils se rendaient à l'école pour la reprise après deux mois de confinement. Des panneaux effrayants et deux cadavres de brebis à moitié dévorées étaient disposés dans le champs voisin, une mise en scène macabre imaginée par l'éleveur. Dans la nuit, son troupeau avait été attaqué à deux pas de la cour de récréation. Une dizaine de bêtes avaient été blessées. 

Et puis à 1 kilomètre à peine, 15 jours auparavant, dans un refuge pour animaux de ferme, 2 chèvres naines et 4 agneaux ont été tués. Là aussi à côté des habitations. 
 


Des enquêtes en cours 


A chaque fois, des constats ont été pratiqués par un agent de l'OFB, l'Office Français de la Biodiversité. En janvier 2020, l'Agence Française pour la Biodiversité et l'OFNCFS, l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ont fusionné pour donner naissance à cette nouvelle autorité compétente en matière de loup. 

Dans le champs à côté de l'école de Saint-Paul-de-Varces, des poils ont été prélevés sur les clôtures et vont être analysés. Mais les résultats ne seront connus que dans plusieurs mois. 

En attendant, les éleveurs s'inquiètent. Ils pensent que le loup est de plus en plus présent sur le territoire, et espérent obtenir l'autorisation de la Préfecture de pratiquer des tirs de défense. La directrice du refuge, très angoissée, craint aussi pour ses chevaux et ses poneys qu'elle ne peut pas rentrer la nuit. Elle a failli vendre ses bêtes après l'attaque. Puis elle a décidé d'acheter un patou. Elle savait que des loups rodaient dans le voisinage, mais ne pensait pas qu'ils pouvaient s'en prendre à ses chèvres si près de sa maison. 
 

Des animaux sauvages qui se rapprochent des villes, on en a vu beaucoup sur les réseaux sociaux pendant le confinement. Des loups, notamment. Pourtant d'après les scientifiques, cette situation n'est pas inhabituelle, et ne serait pas due à une présence moins forte de l'homme.


Pas d'effet "confinement" avéré 


Nicolas Jean est le directeur adjoint à la Direction des Grands Prédateurs Terrestres au sein de l'OFB. Il est aussi chargé des dossiers liées au loup au niveau national. Il est formel, rien ne permet d'affirmer scientifiquement que le confinement ait eu un effet sur le comportement du canidé en France. 

"Si l'on observe les chiffres depuis début janvier, on a le même niveau de prédation que l'année dernière", détaille-t-il, "de 100 à 150 bêtes 'payées' dans le département de l'Isère". Ce sont les relevés de la DDT, la Direction Départementale des Territoires, qui est chargée d'indemniser les éleveurs. 

Le fait que le loup attaque près des habitations ne lui paraît pas non plus inhabituel. Pendant les intersaisons, au printemps et en automne, il s'en prendrait plus facilement aux animaux qui sont à côté des bergeries, parce qu'ils sont moins surveillés qu'en alpage, où le berger et les chiens sont plus présents. 

"Le loup est très opportuniste", explique Nicolas Jean, "il va au plus facile, au plus abondant". Il passe à l'acte lorsqu'il se sent en sécurité, "il identifie une faille dans le système et s'y engouffre", ajoute-t-il. 

Terriblement efficace, il aurait "beaucoup de ressources", et "serait très adaptable". 


Trois meutes connues dans le massif du Vercors


Dans les années 2000, une meute a été constituée sur les hauts plateaux du Vercors. Depuis, les individus pionniers ont fondé leur propre famille. Il y aurait aujourd'hui trois meutes composées de 4 à 6 bêtes, qui vivraient dans les montagnes et les contreforts. Le territoire du loup s'étend sur un grand territoire, de 100 à 300 km2. On peut imaginer que ce soit une ou plusieurs de ces bêtes qui descendent dans la vallée pour se nourrir. Si les attaques sont avérées bien sûr. 

Car il arrive également que des chiens attaquent et dévorent des brebis. Il s'agit alors de canidés du voisinage, qui se mettent à plusieurs et "s'encanaillent".

L'avenir dira si les animaux tués en Isère l'ont été par le loup. Une enquête de la gendarmerie est aussi en cours. 

Une période de plus grande voracité reste à venir. Car entre août et septembre, les "jeunes" de moins de six mois font leur apprentissage de la chasse.  
 
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