À Meylan, l'opposition dénonce la construction d'une église pour une fraternité proche de Civitas

La mairie de Meylan en Isère a accordé l'autorisation de construire une église à une société religieuse, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X . Pour certains élus de l'opposition, cette société religieuse entretiendrait une proximité idéologique avec le mouvement intégriste Civitas.

La commune de Meylan en Isère aura bien sa nouvelle église. L'édifice religieux, d'une capacité d'accueil de 300 personnes devrait être érigé sur le site de l'école privée hors contrat Saint-Pierre-Julien-Eymard. Mais si la construction du bâtiment ne pose pas de problème en soi, c'est l'organisation religieuse qui va prêcher en ses murs qui ne plaît pas à tout le monde.

L'autorisation a été accordée par la mairie à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), une organisation religieuse dissidente de Rome qui remet en cause les acquis modernistes de Vatican II. Cette organisation ultra-conservatrice, a été fondée par Monseigneur Lefebvre, qui a lui-même été excommunié en 1988 pour avoir désobéi au pape de l'époque, Jean-Paul II.

Si cette défiance vis-à-vis de Rome ne constitue pas réellement un schisme religieux, le mouvement a en tout cas marqué sa différence par rapport au dogme officiel, même si le Vatican semble tempérer sa position depuis quelques années sur le sujet.


Extrait de la conférence de presse de Monseigneur Lefebvre le 14 novembre 1989

L'organisation, bien implantée sur le territoire quoique discrète, gère également l'école privée de la commune, qui accueille une cinquantaine d'enfants. Le nouveau maire LR de la commune, Jean-Philippe Blanc, élu à l'automne 2017 n'y voit pourtant rien à redire sur le plan légal et sur la conformité avec les règles d'urbanisme.

L'édile reconnaît que "la fraternité est installée depuis 25 ans sur la commune" mais "que nous n'en avons jamais entendu parler". Une discrétion salutaire pour le maire, mais suspecte pour certains élus.


Une organisation proche de Civitas ?


Du côté de l'opposition municipale, plusieurs élus de gauche s'étaient fermement opposés au projet, mais leur demande a finalement été rejetée par vote ce lundi. Ces élus, qui se sont constitués en groupe, estiment que les trois églises catholiques déjà présentes sur la commune suffisent. Mais c'est surtout sur l'idéologie religieuse défendue par la fraternité que ces élus veulent attirer l'attention.

Ces élus dénoncent notamment des collusions avec l'extrême-droite, des références communes, mais surtout une proximité avec Civitas, le mouvement catholique intégriste et nationaliste qui s'est illustré lors de coups d'éclats médiatiques parfois violents. Pour preuve de cette proximité, l'accueil de plusieurs événements, notamment une conférence en septembre 2013 d'Alain Escada, président de Civitas, contre les théories du genre.

Cette conférence, toujours référencée sur le site du mouvement, a eu lieu au 22 chemin du Bachais à Meylan... qui n'est autre que l'adresse de l'école de la fraternité et l'emplacement de la future église.

C'est le même mouvement Civitas que l'ex-conseiller municipal de Fontaine (Isère), Franck Sinisi avait rejoint après avoir quitté le FN. Cet élu a notamment été condamné en novembre dernier à deux mois de prison avec sursis, 2.000 euros d'amende et une peine d'inéligibilité de quatre ans pour avoir proposé de financer l'accueil des Roms avec "leurs dents en or".

Sollicité, le diocèse n'a pour le moment pas donné sa position sur la construction de cette église. La Fraternité n'a également pas donné suite à nos sollicitations.

Antoine Jammes, conseiller municipal Meylan, Christophe Batailh, enseignant en histoire des religions, Jean-Philippe Blanc maire de Meylan ©France 3 Alpes

 

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