En ouverture d'une série de consultations qui doit durer jusqu'à lundi, le président de la République a reçu des membres du Nouveau Front Populaire ce vendredi 23 août. Parmi eux, la députée de l'Isère Cyrielle Chatelain. Entretien.
"Nous avons assisté à la naissance d'une cohabitation avec notre candidate et tous ses soutiens du Nouveau Front Populaire derrière elle." Cyrielle Chatelain affiche un optimisme, ou une détermination, affirmé quelques heures après la rencontre entre des représentants du Nouveau Front Populaire (NFP) et le président de la République ce vendredi 23 août.
L'échange d'environ 1h30 , auquel la présidente du groupe Ecologiste à l'Assemblée a assisté, se tenait en présence de Lucie Castets, avancée par la coalition de gauche pour le poste. Le rendez-vous ouvrait une série de consultations voulues par le chef de l'Etat avec les différents camps politiques et censées déboucher sur la nomination d'un Premier ministre. La députée de l'Isère livre ses impressions.
France 3 : Selon Lucie Castets, qui a réagi à la sortie des salons de l'Elysée, le président est "lucide" sur le "souhait d'un changement d'orientation politique". Vous partagez ce sentiment ?
Cyrielle Chatelain : "On sait lire quand même chez le Président de la République une acceptation lente mais progressive des résultats. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il a reconnu quand même, que oui, il y avait une volonté de changement politique dans les votes, ce qui, je pense, est une bonne chose. Il a aussi reconnu notre coalition telle qu'elle est, c'est-à-dire avec ses quatre composantes et que celle-ci est la première force de l'Assemblée nationale. Donc on voit peu à peu des prises de conscience. [...]
Je pense surtout que c'est le manque d'alternative qui va contraindre Emmanuel Macron à nommer Lucie Castets, parce que je n'entends pas de propositions alternatives. Aucune coalition n'a un autre candidat et surtout aucune coalition n'a la capacité de réunir plus de 193 députés derrière son candidat. Aujourd'hui, celle qui a le soutien institutionnel le plus fort, c'est Lucie Castets."
France 3 : Pour autant, Laurent Wauquiez a assuré que les députés LR voteraient "immédiatement une motion de censure" contre un gouvernement si celui-ci comprenait des ministres issus de La France insoumise...
Cyrielle Chatelain : "Laurent Wauquiez dit qu'il censure. Très bien. Mais que propose-t-il ? La vérité, c'est que Laurent Wauquiez veut le beurre et l'argent du beurre. C'est-à-dire qu'il ne veut pas être dans la majorité pour pouvoir dire qu'il est dans l'opposition, mais faire le jeu de la majorité d'Emmanuel Macron. À un moment, il faut un peu de clarté en politique, surtout dans un moment où on a une assemblée extrêmement plurielle. […] Nous voulons avoir un gouvernement clair, celui du NFP. Et nous l'avons écrit à tous les parlementaires. Nous sommes prêts à travailler bien au-delà des 193 députés pour trouver des majorités texte par texte dans le cadre du champ républicain. Donc, nous, notre proposition est sur la table. Elle est claire, elle est lisible."
France 3 : Parmi ces textes, il y a celui sur la fin de vie, dont l'examen est à l'arrêt depuis la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin. Quelle serait votre position à ce sujet ?
Cyrielle Chatelain : "Lucie Castets et l'ensemble des membres du nouveau Front populaire se sont engagés à reprendre ces débats qui se sont arrêtés abruptement en pleine discussion parlementaire. Donc oui, il faut les reprendre. Il y a un travail de qualité. C'est sans doute le travail sur lequel il y a eu la démarche transpartisane la plus large, sur lequel, parce qu'on est dans le domaine de l'intime, il y avait une attente à la fois très forte au sein de la population, mais aussi une capacité de dialogue et d'écoute au sein de l'Assemblée qui était extrêmement forte. Donc oui, c'est un engagement. Nous reprendrons ce projet de loi. Il faudra qu'il revienne à l'Assemblée et qu'on puisse malheureusement recommencer nos débats, mais sur la base des échanges qui ont déjà eu, qui ont déjà eu lieu."
France 3 : Est-ce que vous serez en faveur d'un recul sur l'organisation des Jeux olympiques d'hiver dans les Alpes françaises en 2030 ?
Cyrielle Chatelain : "Je sais qu'on est en période de ferveur olympique. Moi, j'ai encore en tête la cérémonie d'ouverture, la performance de nos athlètes qui étaient incroyables. Mais sur les Jeux Olympiques 2030, il y a une vraie question sur la soutenabilité de ces jeux pour la montagne. Parce que quand on aime les Jeux d'hiver, on aime aussi la montagne. Et je pense en tout cas à nous les Ecologistes : nous plaiderons fortement pour avoir une réflexion et ne pas partir bille en tête sur des Jeux qui risquent en tout cas d'abîmer cet espace qu'on aime tant. Et la logique qui veut qu'il faille absolument les faire parce que demain il n'y aurait peut-être plus de neige me semble extrêmement défaitiste. Donc il faut revoir la question de ces Jeux à l'aune de la priorité environnementale. En tout cas, je pense que c'est la parole que porteront fortement les Ecologistes et ça demandera a minima effectivement, en tout cas pour moi, un temps de suspension d'étude pour voir ce qu'on peut faire."
France 3 : Quand attendez-vous un retour, à présent ?
Cyrielle Chatelain : "Le président Macron reçoit l'ensemble des groupes des familles politiques jusqu'à lundi. Ce retour sera donc au plus tôt lundi soir, probablement mardi. En tout cas, ce que je constate, c'est qu'il a reconnu que le budget ne pouvait être fait que par un gouvernement de plein exercice. L'exercice du budget, nous sommes dedans. Je pense que cela veut dire qu'il reconnaît en creux qu'il ne peut plus attendre et qu'il y a une urgence à nommer une Première ministre à Matignon."