En France, de plus en plus de citoyens décident de se regrouper pour acheter collectivement des parcelles de forêts, et sortir des logiques marchandes. Les membres de groupements forestiers citoyens et écologiques (GFCE) ont organisé leur rencontre annuelle dans le Vercors, pour s’inspirer de ce qui se fait dans les Alpes.
Autrefois, les forêts étaient forcément domaniales, publiques ou privées. Mais depuis quelques années, elles deviennent aussi la propriété de groupements de citoyens.
Mi-octobre, les membres de plusieurs sociétés civiles forestières se sont retrouvés dans le Vercors pour partager leurs expériences lors de leur rencontre annuelle. Tous ont acquis des parcelles boisées avec d’autres particuliers dans différentes régions de France.
"On a des personnes spécialistes du juridique pour la rédaction de statuts, des personnes plutôt techniques pour la gestion forestière. Voilà, on partage tout ça", explique Benoît Coulée, gérant du groupement forestier "Green Forest" dans le Vercors.
Entre préservation et exploitation
Comme d'autres jeunes groupements, celui d'Aliénor Pauly est venu s'inspirer de ce qui se fait dans le Vercors. La société, dont la jeune femme est actionnaire, a acquis 10 hectares en Dordogne il y a deux ans.
"On voulait vraiment être un maillon de la chaîne de la filière bois local qui est déjà assez dynamique en Dordogne. Parmi nous, on a des charpentiers et des scieries associatives", détaille Aliénor Pauly, actionnaire du groupement forestier "Les Boiseaux".
Avec ces groupements forestiers citoyens et écologiques (GFCE), l’idée n’est pas de sanctuariser la forêt, mais plutôt de trouver un juste-milieu entre préservation et exploitation. Et nul besoin pour devenir propriétaire de posséder beaucoup d’argent.
"On peut acheter une part à 100 euros"
"Dans certains groupements, on peut acheter une part à 100 euros mais il faut être très nombreux pour rassembler suffisamment d’argent et acheter des forêts. Dans d’autres groupements, il y a des tickets d’entrée à 2 500 euros et jusqu’à 10 000 euros", explique Emmanuel Repérent, fondateur du groupement forestier "Lu Picatau", en Dordogne.
Ce modèle de groupements est en plein essor. Depuis 2003, 25 GFCE ont vu le jour en France et 12 sont en cours de création. Dans les Alpes du Nord, il en existe un en Savoie et deux en Isère.
En France, seulement un quart des forêts appartiennent à l'État ou aux communes. Le reste de cette ressource, soit la majorité, est détenu par des propriétaires privés. Ce chiffre atteint même les 80 % dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, selon l'IGN.