Investir dans une forêt : des particuliers s'engagent pour préserver ce "patrimoine commun"

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la majorité des forêts appartiennent à des privés. Depuis quelques années, des groupements de citoyens participatifs émergent pour gérer et exploiter les forêts de manière raisonnée.

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En France, seulement un quart des forêts appartiennent à l'État ou aux communes et sont donc gérées par l'ONF (l'Office National des Forêts). Le reste de cette ressource, soit la majorité, est détenu par des propriétaires privés. Ce chiffre atteint même les 80% dans la région Auvergne-Rhône-Alpes selon l'IGN. 

Depuis quelques années, des mouvements, associations et groupements forestiers de citoyens se développent dans le but de devenir propriétaires collectivement par l'achat de parts. Des initiatives qui se veulent aussi plus raisonnées et écologiques dans la gestion de ces ressources.

Une démarche complémentaire de la mission de l'ONF. "Nous sommes favorables à tout ce qui peut contribuer à étendre la gestion durable des forêts et à avoir une gestion collective des surfaces", explique Mathilde Massias, adjointe au directeur territorial Auvergne-Rhône-Alpes à l'ONF. Elle ajoute : "nous ne sommes pas en concurrence, mais dans un objectif commun".

Être propriétaire pour maîtriser la ressource forestière

Dans la région, ils sont plusieurs à avoir dressé le même constat. "Il faut être propriétaire pour maîtriser totalement la gestion d'une forêt", atteste Max Senange, cofondateur du mouvement Cerf Vert créé à Lyon en 2020. Pour y remédier, comme lui, certains particuliers décident de créer des groupements écologiques et participatifs. C'est le cas de Green Forest, co-fondé par Benoît Coulée il y a trois ans, dans le Vercors.

Celui qui est aujourd'hui indépendant travaillait déjà auparavant dans l'exploitation et la gestion de cette ressource privée. Il explique : "l'idée, c'est de mieux accompagner les propriétaires qui veulent vendre leurs forêts, de les estimer et de proposer une épargne locale". Green Forest compte aujourd'hui 115 associés, tous particuliers qui achètent des parts pour financer l'achat de 85 hectares de forêts, principalement dans le nord et peut-être bientôt dans le sud du Vercors.

L'idée, c'est de rendre les citoyens acteurs de la gestion de la forêt qui est un patrimoine commun.

Max Senange

Cofondateur du mouvement Cerf Vert

Le mouvement Cerf Vert a la particularité de se composer de deux structures : une association de sensibilisation auprès du grand public et une foncière forestière. Cette dernière compte pour le moment à son actif 270 actionnaires et quatre forêts en Ardèche, dans la Drôme et en Savoie. La forêt du Noyer est la dernière acquisition en date. Par la suite, le mouvement souhaite s'exporter à l'échelle nationale.

"Notre approche, c'est de considérer la forêt comme un écosystème"

Pour ces deux cofondateurs de groupements, il y avait aussi une préoccupation environnementale importante dans l'exploitation des forêts. "Cela ne me plaisait pas de voir la gestion industrielle et mécanique du bois, avec une accélération des prélèvements dans les forêts", explique Benoît Coulée de Green Forest.

Pour cette ressource, le réchauffement climatique est aussi une menace, comme le rappelle Mathilde Massias. "D'ici 50 ans, on sait que 50% des forêts françaises pourraient voir leurs faciès considérablement modifiés".

Il ne s'agit pas pour autant de ne pas exploiter cette ressource, mais de le faire de manière "raisonnée" et "durable". Cela passe par l'approche de la considération de "la forêt comme un écosystème", détaille Max Senange. Les coupes rases qui consistent à abattre la totalité des arbres d'une exploitation forestière, ne sont par exemple pas pratiquées.

Green Forest et le Cerf Vert pratiquent ce qu'on appelle "la sylviculture irrégulière" qu'ils considèrent plus écologique. Cela signifie le maintien d'arbres de tous les âges et de différentes essences. "Après avoir effectué un inventaire, on va récolter de manière moins intense, mais plus fréquente tous les 8 à 10 ans et on va venir prélever 15% du volume total de la forêt, ce qui permet de garder un couvert continu d'arbres et des habitats pour les écosystèmes", décrit Max Senange.

Les deux groupements forestiers citoyens ont déjà procédé à leurs premières coupes de bois qui engendre une "rentabilité assez limitée" selon Max Senange. Ils laissent ensuite la forêt se régénérer de manière naturelle. L'ONF, qui travaille parfois en collaboration avec le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF), réfléchit à développer des partenariats avec ces groupements forestiers privés à l'échelle de la région.

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