Les zones humides ont longtemps été considérées comme des lieux insalubres, ce qui a provoqué leur destruction. Aujourd'hui, leur rôle dans l'écosystème est incontesté et tout est mis en œuvre pour les restaurer et les préserver. En Ardèche, elles sont des réponses efficaces à la sécheresse estivale.
Les zones humides sont une des solutions pour lutter contre la sécheresse. Elles jouent un rôle primordial dans la régulation de la ressource en eau, l’épuration et la prévention des crues. Elles existent naturellement dans la nature.
En France, plus de 60% des surfaces humides ont disparu depuis le début du XXe siècle, dont la moitié entre 1960 et 1990. Rien que sur le bassin de l'Eyrieux, en Ardèche, on en compte 600. Sur tout le département, elles représentent plus de 13 400 hectares, soit 2,4 % de sa surface. Elles peuvent prendre plusieurs formes : plans d'eau, bords de rivières, prairies humides, zones boisées... Aujourd'hui, elles se retrouvent au cœur de nombreux projets pour faire face à la sécheresse et préserver la biodiversité.
Les tourbières, un réservoir permanent
Contrairement aux autres zones humides, les tourbières sont des réservoirs d'eau quasiment toute l'année. Elles sont composées en surface de sphaigne qui a une très forte capacité à absorber l'eau. Cette mousse peut emmagasiner 25 fois son poids. Elle filtre et stocke l'eau ; alimente les cours d'eau et abrite de nombreuses espèces. "Dans l'eau, il y a très peu d'oxygène, ce qui provoque une mauvaise dégradation de la matière organique qui devient de la tourbe" explique Mathilde Vicente, chargée de mission au Conservatoire d'espaces naturels Rhône-Alpes. La tourbe est un grand réservoir de carbone. Elle a longtemps été utilisée pour se chauffer.
Les laisser tranquilles
Il faut laisser la nature suivre son cours, un conseil que délivre régulièrement, le syndicat des eaux du centre Ardèche. "Les zones humides ont un rôle très important d'éponges et de stockage d'eau", explique Valérie Charvillat, chargée de missions au Syndicat Mixte Eyrieux Clair. "Quand l'eau est là, elles se gorgent d'eau et la resitue lors des périodes plus tendues". Cet équilibre est fragile et sursollicité l'été quand la population augmente avec l'arrivée des touristes. "Ce n'est pas la solution magique, mais c'est une des solutions pour avoir plus d'eau dans les cours d'eau".
Il faut les protéger, les restaurer, les préserver par des actions simples : ne pas les dégrader, les remettre en état et les faire connaitre. On protège mieux quand on connait mieux
Valérie Charvillat,chargée de missions au Syndicat Mixte Eyrieux Clair
La famille de Roger Escomel possède une zone humide depuis 1902 sur la commune ardéchoise de Mars. Elle occupe la moitié de sa parcelle, un demi-hectare. Et pour l'entretenir, c'est simple : "On ne fait strictement rien. On ne fauche pas. On évite que les animaux viennent y brouter". Les générations précédentes n'ont jamais cultivé cette terre. Elles ont respecté le lieu pour préserver la biodiversité et y ont puisé leur eau tout comme Roger aujourd'hui.
L'Ardèche abrite six grands secteurs géographiques : les Boutières, les plateaux, les Cévennes vivaroises, la vallée du Rhône, le Coiron et le bas Vivarais, avec chacun leurs particularités. L’État s’est engagé à restaurer 50 000 ha de zones humides d'ici à 2026, à acquérir 8 500 ha et à créer de nouvelles aires protégées, dont un douzième parc national qui leur sera dédié.