À Saint-Melany en Ardèche, l'été, la population est multipliée par quatre et le prix de l'eau par cinq. Une équation pour que la commune puisse conserver la gestion du réseau d'eau potable.
Dans la vallée de la Drobie, en Ardèche, le petit village de Saint-Melany et ses 13 hameaux voient leur population passer de 120 habitants pendant l'année à 500 habitants en été. Avec les touristes, la consommation d’eau explose.
Un budget équilibré
La commune est propriétaire de son réseau d’Adduction d’Eau Potable. Face à cette augmentation, elle a décidé de multiplier les prix par 5 environ, de juin à septembre, il y a une trentaine d'années. Le mètre cube passe donc de 0.57 à 2.31 euros du 15 juin au 15 septembre.
Lorraine Chéneau, conseillère municipale, est confiante. "Les gens sont conscients de la rareté de l'eau et du fait que l'été il y en a moins. Donc, c'est normal qu'elle coûte plus cher". Elle précise que "l'eau est un service à caractère industriel et commercial en concurrence avec le privé. Les comptes doivent être équilibrés". Des subventions permettent d'investir pour garder les équipements en l'état, mais les recettes issues de la vente d'eau constituent l'essentiel du budget alloué.
Les estivants ont l'habitude de consommer de l'eau. Ils se douchent, etc. et ne sont pas économes en eau alors que les habitants ont une culture de l'économie de l'eau. Chaque été on a des problèmes d'eau. On a donc instauré une double tarification.
Lorraine ChéneauConseillère municipale à Saint-Mélany
Les usagers divisés
Yettes Mortvontemps, responsable de l'auberge Au bon port et d'un gîte, se montre compréhensive. Si sa facture personnelle a augmenté, pas question de répercuter cette hausse sur le prix des chambres. Elle compte sur le bon sens de ces hôtes. "Je demande à mes locataires de faire attention à l'eau parce qu'elle est très précieuse ici. C'est un privilège d'habiter ici alors, nous, on joue le jeu".
En revanche, certains habitants font grise mine. À la retraite depuis 15 ans, Roger ne comprend pas pourquoi lui et les autres habitants de la commune doivent payer pour les autres ! "Que les estivants et ceux qui louent paient, c'est un peu normal. Il faut les voir, quand ils remontent de la rivière, ils vont prendre une douche.[...] Nous, on fait très attention" souligne-t-il.
De leur côté, les touristes n'ont rien remarqué. Été ou hiver, ça reste toujours moins cher qu'à Paris, pour Gabriel. "On est en location, donc le prix de l'eau, ce n'est pas vraiment un sujet pour nous. Mais, je constate que dans ma région de l'Île-de-France, l'eau est de plus en plus chère".
D’autres villages ardéchois, comme Valgorge, n’excluent pas d’augmenter le prix de l’eau l’été si elle vient à manquer.