Réchauffement climatique : "il faut réparer nos rivières", toute une équipe mobilisée pour la restauration écologique de l'Ardières dans le beaujolais

L’Ardières est un cours d’eau du beaujolais, long de 30 kilomètres à peine. Sur une portion de 600 mètres à hauteur de Cercié (Rhône), il a été vidé de toutes ses truites fario, chevesnes et gougeons pour permettre des travaux de renaturation : les berges et le lit de la rivière vont être reconfigurés pour améliorer « le bon état de l’eau » et permettre l’épanouissement des poissons.

La pelle mécanique va et vient. Dans son godet, de grosses pierres, qu’elle dépose délicatement dans le lit de la rivière. Nous sommes près de Cercié (Rhône), en plein cœur du beaujolais. Alors que tout le pays s’active aux vendanges, ici, deux ouvriers sont en train d’aménager un passage de gué pour les bovins. L’idée est de permettre aux vaches d’aller d’une rive à l’autre de l’Ardières, sans piétiner ni les berges, ni le lit de la rivière et sans la polluer par leurs déjections.

Restauration écologique


C’est le syndicat mixte des rivières du beaujolais qui est le maître d’œuvre de ces travaux. « Il s’agit de faire une restauration écologique », explique Grégoire Thévenet, son directeur. 

Le cours d’eau a souvent été remanié par l’homme, on le voit bien ici où les méandres ont été effacés pour faire une ligne droite, plus pratique pour les agriculteurs. Il y a eu aussi beaucoup d’artificialisation, les berges se sont affaissées, la végétation s’est appauvrie, les débits ont chuté. Il nous faut redonner sa noblesse à la rivière, la rendre plus naturelle.

C’est la loi qui l’impose, il a d’abord fallu vider l’Ardières de tous ses poissons, mission accomplie par la Fédération de pêche : cuissardes sur les jambes, épuisettes à la main, les techniciens ont remonté les 600 mètres de la rivière pour une pêche électrique des chevesnes, truites fario, vairons, gougeons et autres loches franches, qui peuplent ses eaux. Tous ont été relâchés un peu plus loin.

Planter des arbres adaptés au milieu

Les travaux ont alors pu commencer. « On va d’abord reprofiler la rivière », annonce Grégoire Thévenet. 

Il s’agit de requalifier les berges en pente douce et de replanter des essences d’arbre adaptées au milieu, telles que des saules, des aulnes, des frênes ou des noisetiers. On va aussi diversifier les écoulements : en alternant des zones lentes et rapides, on va améliorer l’oxygénation de la rivière et la diversité des sédiments, qui constituent l’habitat des poissons. Et puis on va implanter des souches d’arbre dans l’eau, qui plaisent beaucoup aux truites fario.

L’objectif est de rendre l’Ardières plus résiliente face au changement climatique. Les arbres vont permettre de lui faire de l’ombre et de réduire l’évaporation de ses eaux. De la même manière, l’air va moins s’échauffer… On appelle ça une ripisylve, une végétation alluviale qui est un vrai refuge pour la biodiversité ainsi qu’une petite usine d’auto-épuration.

Réparer nos rivières, une préoccupation nationale

Car, aujourd’hui, l’Ardières souffre, comme toutes les rivières du beaujolais : leur température augmente de 0,5 à 1°C tous les 10 ans. Leurs débits baissent à vue d’œil : leur étiage (plus bas niveau des eaux), atteint jadis aux seuls mois de juillet et août, s’étale désormais de mai à octobre.

Le syndicat mixte des rivières du beaujolais va d’ailleurs lancer une grande étude sur la ressource en eau sur son territoire. « L’idée, c’est de savoir précisément qui sont les préleveurs », explique le directeur, Grégoire Thévenet. « Quelles parts pour l’agriculture, pour l’industrie et pour les collectivités. Et où s’effectuent les prélèvements, dans la nappe phréatique ou directement dans la rivière. Nous saurons ainsi mieux anticiper le réchauffement climatique et mieux partager la ressource ».

C’est tout le pays qui se préoccupe désormais de l’état de nos cours d’eau. L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse lui consacre 460 millions d’euros dans le cadre de son programme d’intervention 2019-2024. Plus de 242 km de cours d’eau ont déjà été réaménagés. Et plus de 5000 hectares de zones humides ont été acquis ou restaurés.

L’état de nos rivières, dans l'Info en + Climat, avec Lise Riger qui, toutes les fins de semaine, va sur le terrain à la rencontre de citoyens ou de collectivités qui ont trouvé des solutions concrètes pour lutter contre les dérèglements climatiques. À voir dans Ici 19/20 le vendredi à 19h15 sur France 3 Auvergne, le samedi à 19h07 sur France 3 Alpes et France 3 Rhône-Alpes.

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