L'application "Qualité rivière" est de nouveau mise à jour. Elle permet d'identifier la particularité de rivières partout en France, sa qualité, sa quantité d'eau, ainsi que son fonctionnement. Une manière de prendre conscience de l'impact des activités humaines sur les eaux de la région.

Connaître la qualité de l’eau de sa région et identifier les endroits où l’on peut se baigner. C’est l’objectif de l’application “Qualité rivière”. En prévision d’un nouvel été caniculaire, à la recherche d’une étendue d’eau où se rafraîchir, les agences de l’eau ont actualisé leurs données en France. "L'application permet un suivi du bon état des eaux sur la base de sa qualité, quantité et du fonctionnement des milieux naturels", explique Nicolas Alban, directeur de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée

En se basant sur 11 indicateurs tels que les diatomées, ces micro-algues très sensibles aux pollutions, les nutriments (azote et phosphore) à l’origine du développement d’algues ou encore la température de l’eau, l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse en collaboration avec l’office français de la biodiversité est capable de déterminer l'état des cours d’eau dans la région, les espèces aquatiques que l’on peut y trouver ainsi que la situation dans les différentes zones de baignade. Au total, 5 millions de données sont répertoriées dans l'application. 

"On a décidé de mettre en ligne ces données et de les rendre accessibles. C'est très simple, visuel et ça permet aux citoyens de se rendre compte de la qualité de leurs rivières", ajoute le responsable. Pour chaque tronçon de rivière, on peut lire son état écologique sur une échelle allant de "très bon état", ce qui implique que le fonctionnement naturel du cours d'eau est préservé, à mauvais état, ou la vie animale et végétale est largement compromise. 

Des rivières fortement impactées par les activités humaines

Plusieurs zones se distinguent dans la vallée du Rhône. "L'état est très variable. Plus une rivière subit les activités humaines, plus elle est dans un état médiocre et dégradé. Celles qui sont en très bon état se situent généralement en montagne, dans les coins les plus perdus", explique Nicolas Alban. 

Autour de Lyon, la qualité écologique de l'eau est identifiée comme moyenne. Pour un bon état des cours d'eau, il est nécessaire d'avoir un équilibre entre bonne qualité chimique de l'eau et un habitat naturel préservé pour les espèces environnantes. Or, le deuxième point pose un problème. Premier fleuve français par son débit, le Rhône a subi d’importantes modifications afin de produire de l'énergie hydroélectrique. Il participe à hauteur de 25% de la production d’énergie hydroélectrique nationale. Les activités humaines affectent la vie animale et végétale du bassin et certaines espèces ont disparu. 

"Les secteurs très dégradés par les pesticides, ce sont les grands secteurs de culture viticole dans lesquels on retrouve énormément de polluants. La Saône charrie énormément de pesticides", ajoute-t-il. En remontant la vallée du Rhône en direction de Chalon-sur-Saône, les eaux sont de moins en moins de bonne qualité. L'état écologique y est mauvais, autrement dit, seules les espèces animales et végétales les plus coriaces résistent, dérangées par l'activité humaine. La taille du Rhône et son débit lui permettent de diluer davantage ces produits toxiques. 

En revanche, si l'on se déplace à l'est de Lyon, en direction de l'Isère, la situation s'améliore. Les cours d'eau se trouvent en bon état, voire un très bon état.

Les zones de baignade : des indications sanitaires

L'application a ajouté les données de baignade, pour une approche sanitaire qui vient compléter l'aspect environnemental. "Ce sont des données qui ne sont pas liées. Une rivière dans un canal en béton, c’est un état médiocre. Par contre, ce n’est pas gênant pour la baignade", indique le directeur de l'agence régionale.

On peut ainsi découvrir l'interdiction de nager dans les eaux de la base nautique située dans la retenue de Grangent, en bord de Loire. D'un excellent niveau en 2022, la retenue est aujourd'hui en "présence de toxines de cyanobactéries en quantité supérieure au seuil d'alerte", indique l'application. Deux autres étendues d'eau autour de la ville stéphanoise interdisent la baignade tandis qu'une dernière indique des résultats insuffisants pour déterminer le risque ou non de s'y baigner.

Une tendance globale à l'amélioration

L’application ouverte à tous les publics propose également des informations et un quiz afin de tester ses connaissances sur l’eau. L'occasion de découvrir que la concentration de phosphate dans les rivières a été divisée par dix en 30 ans sur l'ensemble du territoire français.

"Tout ne va pas de plus en plus mal. On a fait de gros efforts domestiques et industriels, notamment dans la construction de stations d’épuration qui ont drastiquement réduit les pollutions industrielles" nuance le directeur de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée.

En Auvergne-Rhône-Alpes, 52% des rivières sont en bon état écologique en partie grâce à ces dispositifs, tandis que 81% des nappes souterraines affichent un bon état chimique. Des chiffres qui ont doublé en quelques années, tient à souligner le directeur de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée.

Le niveau de micropolluants a été divisé par six en 15 ans. De plus, avec l'interdiction des phosphates dans les détergents ménagers, les algues qui étouffent la vie dans les rivières ont pratiquement disparu. Une amélioration de la qualité physico-chimique bénéfique pour la faune et la flore des rivières. 71% des stations de surveillance des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse indiquent un paramètre "diatomées" (algues sensibles aux pollutions) en bon état.

Des avancées que Nicolas Alban tient à mettre en valeur, preuve que l'on peut aller encore plus loin dans la protection de nos rivières. "Ce n’est pas arrivé tout seul. On parle d’activité humaine, donc cela sous-entend que des efforts ont été effectués", souligne-t-il, incitant à poursuivre sur cette lancée.

"En revanche, on a un vrai problème avec les pollutions diffuses, polluants agricoles et autres pesticides. On mène des actions depuis longtemps pour essayer de les réduire, mais ça ne bouge pas. Les ventes ne diminuent pas", déplore le responsable de l'agence régionale de l'eau. Plus de 70% des cours d’eau de la région sont encore concernés par des pressions dues aux activités humaines. Dans le Rhône, on retrouve beaucoup de pesticides, de substances pharmaceutiques et depuis les récentes enquêtes, des PFAS, ces polluants toxiques et éternels.

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