Pour remplacer le fer à cheval, ils conçoivent des semelles réutilisables en plastique et fabriquées en Isère

Un fer à cheval en plastique et 100% isérois : c'est l'innovation développée par Stéphanie et Sébastien Saunier. Les deux entrepreneurs ont été les premiers à lancer ce produit en France. Meilleure santé de l'animal, durée de vie plus longue, fabrication en circuit court : cette semelle équine a de multiples atouts.

Comme chaque samedi, Sébastien et Stéphanie Saunier consacrent une partie de leur journée à leur cheval, Charlie. Passage obligé pour le franches-montagnes, au tempérament joueur, le curetage de ses sabots. Mais à ses pieds, les fers traditionnels en acier ont disparu. "On est sur des semelles entièrement fabriquées en plastique, sans insert métallique", soulignent les propriétaires de l'animal, en pension à Saint-Pierre-de-Chandieu (Rhône).

Une innovation en circuit court

Pour leur animal, les deux entrepreneurs isérois ont fait le choix d'abandonner les fers en métal. "On s'interrogeait sur la pertinence de laisser des fers en acier à ses pieds. L’environnement ici est caillouteux, donc c’était délicat de passer pied nus", raconte Sébastien Saunier. "On voulait avoir cette flexibilité naturelle du pied, comme pour nous, entre un sabot de bois et une basket, ce n’est pas le même niveau de confort et le même intérêt pour les flux sanguins dans le pied."

Contact est donc pris avec une entreprise australienne, productrice de fers à cheval en plastique. Charlie en est équipé à l'été 2018. Le couple devient au fil du temps distributeur du produit en France : "On échangeait par mail avec l'entreprise australienne, on recevait les fers et on les renvoyait vers leurs commanditaires." Mais de fil en aiguille, Sébastien et Stéphanie Saunier en arrivent à créer leur propre version du fer à cheval en plastique pour l'adapter à la morphologie de leur cheval, plus grand que la moyenne de son espèce.

"Charlie a eu une blessure assez grave quand il était poulain. C'est un peu comme nous quand on a un plâtre, les tissus s'atrophient et il faut ensuite retrouver du mouvement", précise Sébastien Saunier. "Avec la semelle en plastique, l’arrière du pied s’est vraiment écarté, s’est regonflé et au niveau de sa cicatrice, les tissus sont plus propres."

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Des semelles pour toutes les tailles de pieds

En janvier 2019, les premiers prototypes sont lancés, avant une étape plus poussée de recherche et développement au printemps 2019. Le couple crée alors son entreprise pour accompagner ce produit, qui n'avait encore jamais été fabriqué en France. Depuis la première commercialisation en novembre 2019, quatre versions de cette semelle en plastique ont été produites. 1 500 paires de semelles sont vendues chaque année.

Le polyuréthane est entièrement fabriqué en Isère et la semelle est elle aussi moulée dans le département. Le matériau autorise une flexibilité et une adaptation du fer aux spécificités de chaque cheval, avec dix-neuf tailles au total, du 100 millimètres au 220 millimètres. "On n’a aucun insert métallique. Il y a aussi une grande résistance à l'abrasion. En ce moment, un cavalier est en train de faire un raid en Espagne, il reviendra en France à cheval, soit dix semaines de randonnée. Le défi, c'est de voir la durée d'usure", explique Sébastien Saunier, tout en tordant entre ses mains une semelle.

Autre avantage, malgré un coût d'achat plus élevé en comparaison avec le fer traditionnel, une meilleure capacité de réutilisation : "Il faut distinguer le coût d'utilisation et le coût d'achat. Il y a une grande résistance aussi à la déchirure, y compris quand la semelle est déjà utilisée. Toutes les six à huit semaines, on enlève la semelle, on coupe l’ongle du cheval et on remet la même semelle." La semelle peut être posée avec des clous, ou avec des languettes collées directement sur le sabot du cheval. Cette version devrait d'ailleurs être améliorée dans les mois à venir.

Toutes les six à huit semaines, on enlève la semelle, on coupe l’ongle du cheval et on remet la même semelle.

Sébastien Saunier

Cofondateur de l'entreprise Safe HP

Bientôt les JO pour les semelles équines ?

L'activité ne génère pas encore de bénéfices mais le portefeuille de clients augmente peu à peu, pour atteindre environ 150 aujourd'hui. L'entreprise équipe même des sportifs de haut niveau, dans toutes les disciplines équestres. Parmi eux, Alexandre Ayache, membre de l'équipe de France de dressage et en lice pour participer aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Le fer à cheval en plastique, qui fonctionne comme une semelle orthopédique pour les humains, permettrait en effet aux chevaux de compétition d'avoir une carrière plus longue, et en meilleure santé. "Le fer acier vient verrouiller le pied, alors que le pied du cheval fonctionne en dilatation et en torsion, avec un rôle d'amortisseur. Cela entraîne des pathologies au niveau du pied, du tendon. Alexandre Ayache possède toute une série de chevaux de races différentes, et grâce au produit, il a réglé certaines pathologies", se félicite Sébastien Saunier. Les chevaux porteurs de fers à cheval en acier sont plus susceptibles de développer des formes d'arthrose, en raison d'une moins bonne circulation sanguine. 

Autres clients visés, des chevaux qui portent des fers en continu, ou des chevaux pieds nus mais qui vont partir en randonnée, en compétition, ou qui ont besoin de mettre des crampons. Pour répondre à la demande, d'autres entreprises, comme Le Sabot français ou France maréchalerie, ont investi le marché.

Plusieurs projets en cours

Les deux chefs d'entreprise travaillent en continu sur une amélioration de leur produit. Selon Stéphanie Saunier, le premier objectif est de développer une matière recyclable. "Le changement de matériau, ce serait très innovant, ce serait vraiment le top, ça veut dire qu’on serait à la fois dans le bien-être animal et dans le recyclable." Pour le moment, la découpe de la semelle pour chaque sabot crée en effet des déchets, qui s'ajoutent aux microparticules générées par l'usure naturelle du fer à cheval.

Safe HP, déjà récompensée pour sa capacité d'innovation, devrait également élargir sa gamme de produits. Dans leurs cartons, ils ont une Hipposandale, comparable à un chausson en matière très souple qui couvrirait tout le pied de l'animal. Parmi les autres pistes, des crampons adaptés à la pratique du cross pour éviter les glissades, et le développement de produits adaptés à l'attelage.

@safe.hp "De nos jours, quel sportif irait courir avec des baskets des années 60 ?" @ayache_alexandre Et pour le sabot français en bois, une chaussure traditionnelle qui a la même souplesse qu'un fer métallique. Les fers à cheval ont peu évolué en plus de 2000 ans... Entrez dans une nouvelle ère avec les SAFE ! Des semelles souples et résistantes, sans insert métallique, brochables (pose avec des clous) et collables grâce à un système innovant disponible à l'automne. D'autres innovations arrivent comme la transformation de la semelle en hipposandale permettant d'adapter l'hipposandale au pied du cheval et non de rechercher l'hipposandale qui correspond au pied ;-) #bienetreequin #madeinfrance #chevalpiedsnus #fersouple #semellesequines #equitation #chevalbienetre #marechalchaussant #marechalferrant #cheval #chevaux #safehorseshoes #plastichorseshoes #equestrian #horse #bienetreetperformance #horsewelfare #hippolia #dressage #dressagehorse #dressur #dressurpony #eventing #horsejumping #enduranceriding #endurancehorse #horsedriving #poneydesport ♬ son original - safe.hp

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