Deux surveillants du centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier en Isère ont été agressés vendredi 3 novembre par un détenu "récidiviste", selon le syndicat UFAP-UNSa, qui déplore une surpopulation carcérale devenue "insoutenable".
Dans le centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), les tensions sont de plus en plus fortes, dans un contexte de surpopulation carcérale, qui affecte aussi bien les surveillants que les détenus.
5 jours d'arrêt de travail pour un surveillant
"Les agressions s'enchaînent les unes après les autres", déplore le syndicat UFAP-UNSa Justice par voie de communiqué. Vendredi 6 novembre, indique-t-il, un détenu a agressé le commandant pénitentiaire, alors que celui-ci était venu lui parler pour lui faire accepter l'arrivée d'un 2e occupant dans sa cellule individuelle de 9 m². Ce surveillant souffre d'un traumatisme crânien, de plaies au visage et s'est brisé deux côtés en tombant. L'agent a obtenu 5 jours d'incapacité totale de travail (ITT). Quant au 2e homme venu en renfort, il s'est tordu le genou.Le détenu avait été transféré de Valence par "mesure d'ordre et de sécurité" pour l'agression de surveillants et est connu pour être "difficile et ingérable", a précisé Alain Chevallier, le représentant du syndicat. Cet homme avait précisé aux surveillants qu'il préférait être placé en quartier disciplinaire, plutôt que d'accueillir une 2e personne dans sa cellule.
Des agressions en série
"Nous avons maintenant deux agents en moins et en ce moment, nous avons des agressions toutes les semaines", déplore Alain Chevallier. Fin octobre, un surveillant avait été agressé violemment avec un stylo. En juin, un détenu avait pris peu de temps un surveillant en otage et demandait de pouvoir parler à son fils. Et en février, un membre du personnel avait été violenté avec une fourchette. Et la situation ne date pas d'hier... car cela fait plusieurs années que le syndicat tire la sonnette d'alarme."Les agressions par les détenus ne sont jamais anodines, mais témoignent d'un malaise", explique l'Observatoire internationale des prisons (OIP). En effet, à la maison d'arrêt (où vivent les prévenus et condamnés dont les peines sont inférieures à 2 ans), 296 personnes sont détenues, pour 192 places prévues. Dans les cellules individuelles, la majorité dans cet établissement, ne vivent pas un seul, mais deux détenus. Alors qu'un étage peut accueillir, théoriquement, 48 personnes, il y a aujourd'hui "entre 70 et 80 incarcérés" pour "une rampe de 5 douches", précise Alain Chevallier. "Quand on a le double de personnes à surveiller, on doit gérer cette situation avec les mêmes moyens, ce qui allonge l'attente pour les détenus et augmente les tensions".
Près de 300 détenus pour 192 places
C'est "une soupe indigeste de tensions qui peuvent déboucher sur des agressions, mais qui ne peuvent justifier des actes de violence", explique Alain Chevallier, qui recommande de "désengorger" la prison et de transférer au moins une vingtaine de détenus. Contacté, l'Observatoire internationale des Prisons (OIP) indique que la même problématique de la surpopulation affecte les maisons d'arrêt en France. Pour celle de Saint-Quentin-Fallavier, son taux d'occupation grimpe à 130%, selon les statistiques de l'OIP.Cette agression va être instruite et jugée, le détenu va probablement écoper d'une condamnation supplémentaire. Un conseil disciplinaire va décider de la durée que le détenu devra passer en "quartier disciplinaire", où il a été immédiatement placé après l'agression.