Le rapporteur du projet de budget de la sécurité sociale pour 2019, Olivier Véran, a estimé ce mardi 23 octobre qu'il faudrait "davantage s'appuyer sur les psychologues" pour pallier la pénurie de psychiatres hospitaliers, "problème de fond" du secteur selon lui, "au-delà" de son financement.
"Il n'y a rien de plus inéquitable que le financement de la psy aujourd'hui", a déclaré le député LREM de l'Isère, interrogé sur le manque de moyens des établissements psychiatriques lors d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes sociaux (Ajis).
Les "7,2 milliards d'euros" qui leur sont alloués chaque année le sont de manière inégale et sans tenir compte des réalités des territoires, a estimé M. Véran.
Mais "le gros problème de fond (...), c'est la démographie", a fait valoir ce neurologue de profession. "Vous pouvez mettre tous les moyens que vous voulez, si vous n'avez pas de médecin psychiatre (...) votre hôpital ne tourne pas".
"Je siège au conseil de surveillance d'un établissement de psy [centre hospitalier Alpes-Isère] où il manque beaucoup de PH (praticiens hospitaliers), où il y a des unités qui sont fermées, mais ce ne sont pas des postes qui ne sont pas budgétés mais (...) pas pourvus", a insisté le député, évoquant la "difficulté" du métier.
"On produit des batteries de psychologues chaque année" sur un marché saturé, "dans le même temps on manque de psychiatres" et on fait appel à des généralistes étrangers pour aller dans les hôpitaux psy français", s'est indigné M. Véran.
Le plan santé récemment présenté par le gouvernement prévoit de développer les compétences des infirmiers en psychiatrie dans le cadre des pratiques avancées dès 2019.
Mais il faudrait aussi "davantage s'appuyer sur le statut de psychologue" en revoyant s'il le faut leur formation, a suggéré M. Véran. Et peut-être "repenser le métier de psychiatre" et "les filières", a-t-il ajouté, estimant que "ce n'est pas forcément le même métier de s'occuper des troubles psychotiques à l'hôpital et de faire de la psychanalyse, de l'hypnothérapie en médecine de ville".