Mila a 16 ans. Cette jeune lycéenne iséroise a reçu des milliers de posts menaçants et insultants sur les réseaux sociaux. Ses parents ont porté plainte pour cyberharcèlement. Elle ne se rend plus en cours depuis. Exfiltration, menaces de mort, les rumeurs se multiplient à son sujet.
Il y a deux jours, les parents de Mila ont porté plainte auprès de l'unité de gendarmerie de la commune iséroise dont ils dépendent. La raison, depuis le week-end dernier, la jeune fille reçevait des milliers de messages, de posts et de tweets menaçants et insultants à son encontre. Menaces de mort, menaces de crime, diffusions de ses données personnelles et intimes... Et cela après avoir posté ce samedi une vidéo plutôt "trash" dans une story sur instagram.
L'adolescente de 16 ans n'a pas été exfiltrée de son lycée par la police. Mais il est vrai qu'elle est déscolarisée depuis ce lundi 20 janvier. Car sa famille craint pour sa sécurité. C'est ce qui nous a été confirmé par le procureur de la République de Vienne, Jérôme Bourrier.
Dans ladite vidéo, Mila tient des propos insultants envers l'Islam. "Je déteste les religions", dit-elle, "Le Coran est une religion de haine, c'est que de la haine... L'Islam c'est de la merde"... "Votre Dieu, je lui mets un doigt dans le ... merci au-revoir."
Quelques secondes plus tard elle ajoute : "je ne suis pas raciste, pas du tout, on ne peut pas être raciste envers une religion, (...) je dis ce que je pense, j'ai totalement le droit et je regrette pas du tout"...
"Vous m'insultez, vous me menacez de mort... Vous êtes bons qu'à ça, vous avez pas d'éducation, vous êtes nuls, vous servez à rien putain. "
Deux enquêtes en cours
Cette vidéo a été vue des millions de fois, partagée et commentée des dizaines de milliers de fois par les internautes, sur instagram, sur twitter, sur facebook...
Le procureur de la République de Vienne confirme que "la masse" et la gravité des messages ainsi que leur propagation virale sur internet étaient telles qu'elles justifiaient une enquête pour cyberharcèlement.
Deux procédures ont été engagées par la justice et confiées à la Section de Recherche de la Gendarmerie de Grenoble.
Une enquête pour provocation à la haine raciale afin de déterminer si les propos de Mila sont de nature à recouvrir une qualification pénale, ou s'ils s'inscrivent dans la liberté d'expression reconnue pour chacun.
Et puis une enquête pour menaces de mort, menaces de commettre un crime, harcèlement, et usage de données personnelles en vue de nuire... Des investigations techniques qui ont été confiées à des spécialistes grenoblois de la lutte contre la cybercriminalité.
Car les propos de Mila ont été à la fois repris par des profils liés à l'extrême-droite et commentés par des profils en lien avec l'Islam, radical ou pas.
Le rectorat appelle à l'apaisement
Nous avons contacté le rectorat qui de son côté appelle à l'apaisement pour protéger la jeune fille. Elle a été prise en charge par Net Ecoute qui va l'accompagner. Il s'agit d'une ligne d'appel nationale émanant de l'association e-Enfance, en partenariat avec l'Education nationale.
Les "écoutants" sont des psychologues ou spécialement formés dans la protection de l’enfance en lien avec le numérique.
Ce numéro vert national (le 0800 200 000) est destiné aux enfants et adolescents confrontés à divers problèmes, cyberharcelés ou manquant de maîtrise dans leur usage.
Le rapprochement avec Net Ecoute entraîne un rattachement automatique avec la plateforme PHAROS. La Plateforme d'Harmonisation, d'Analyse, de Recoupement et d'Orientation des Signalements permet de signaler en ligne les contenus et comportements illicites de l'internet.
Depuis ce week-end Mila semble avoir changé au moins deux fois de compte instagram. Sur le dernier en date elle a posté un texte dans lequel elle s'excuse. "J'ai parlé sur le coup de l'énervement, je sais que je suis une grande fille qui doit prendre ses responsabilités mais je reste un être humain qui se laisse dépasser par ses émotions".
L’histoire de Mila est devenue virale sur les réseaux sociaux. Le hashtag Mila a été utilisé dans 27.000 conservations. Et le hashtag Jesuismila 162.000 fois à l'heure où nous écrivons.