Emmanuel Macron vient tout juste d’être réélu président de la République ce dimanche 24 avril. L’Isère est coupée en deux à l’issue du second tour de la Présidentielle : le président sortant arrive en tête dans le département avec 59% des voix. Mais Marine Le Pen s’adjuge presque toutes les communes du nord. De quoi ouvrir l’appétit du RN à l’approche des Législatives.
Comme au premier tour, l’Isère a finalement voté presque comme la France. Le département a accordé près de 59% des voix à Emmanuel Macron contre 41% à Marine Le Pen. Mais ce résultat cache de nombreuses disparités, notamment géographiques.
Dans le sud, tout d’abord, Emmanuel Macron fait figure de champion incontesté. Y compris dans des zones qui avaient choisi Jean-Luc Mélenchon à l’issue du premier tour, à commencer par l’agglomération de Grenoble. Une victoire qui tourne même au plébiscite pour le président sortant à Grenoble, justement (78%), mais aussi à Echirolles (65.7%) ou encore Saint-Martin d’Hères (66.6%). Autant de bastions de gauche dans lesquels les électeurs insoumis semblent s’être massivement reportés sur le candidat LREM.
Dans le Grésivaudan aussi, Emmanuel Macron réalise d’excellents scores, dans la foulée de ceux du premier tour : 77% à Meylan, 79.7% à Corenc, 84.1 au Sappey ou encore 81.3% à La Tronche. Même la Chartreuse, elle aussi acquise à la France Insoumise le 10 avril, a cette fois placé LREM en tête.
En fait, dans le sud de l’Isère, rares, très rares sont les communes à ne pas avoir donné leur préférence à Emmanuel Macron. Et il ne s’agit que de petites villes rurales, situées en Oisans (Livet-et-Gavet, Oulles) ou en Matheysine : Susville (64.8% pour Marine Le Pen), La Motte d’Aveillans (55.4%) ou Cognet (57.7%).
Le nord du département en bleu marine
Paradoxalement, la situation est littéralement inversée dans le nord du département où seules quelques villes résistent à la vague bleu marine et soutiennent encore Emmanuel Macron. C’est le cas de L’Isle d’Abeau (54.6%), Saint-Quentin-Fallavier (50.8%), Morestel (50.7%), Bourgoin-Jallieu (61.3%) ou encore Crémieu (58.2%).
On pourrait citer, également, les communes du pays viennois, toujours acquises à LREM, à commencer par Vienne (65.1%), Estrablin (53.5%) ou Luzinay (54.2%).
Partout ailleurs, c’est bien Marine Le Pen qui arrive en tête à Charantonnay (56.5%), Saint-Jean-de-Bournay (53.6%), Beaurepaire (52.9%) ou encore Les Abrets-en-Dauphiné (56.6%). De quoi permettre au Rassemblement national de nourrir de sérieux espoirs à l’approche des prochaines élections législatives. Dans deux des circonscriptions du nord de l’Isère, le plafond de verre a, en effet, nettement sauté.
Quel impact pour les législatives ?
Dans la septième, tout d’abord (Bièvre, Saint-Etienne-de-Saint-Geoire, Beaurepaire) où la députée sortante LREM, Monique Limon, ne se représentera pas. Mais le parti d’extrême droite pourrait être contrecarré par les Républicains, en la personne de Yannick Neuder, élu très implanté sur le territoire et battu en 2017 par LREM.
Dans la sixième (Bourgoin, Morestel, Crémieu), les espoirs du RN sont nettement plus forts. Là aussi, c’est une députée LREM, Cendra Motin, qui tient la circonscription. Mais le RN enverra à la bataille son patron départemental, Alexis Jolly. Seule l’arrivée d’une candidature forte du mouvement d’Eric Zemmour pourrait l’empêcher de l’emporter : des rumeurs, de plus en plus insistantes, annoncent une possible candidature de Marion Maréchal, soutenue par le maire (Reconquête !) de Charvieu-Chavagneux, Gérard Dezempte. Pour l’extrême droite, la bataille ne fait donc que commencer dans le nord de l’Isère.
Dans le sud du département en revanche, deux circonscriptions pourraient basculer à gauche : la deuxième (St Martin d'Hères, Echirolles, Vizille) et la troisième (sud de Grenoble, Fontaine, Veurey-Voroize). Aujourd'hui, LREM et le Modem détiennent 9 des 10 circonscriptions de l'Isère.